Des boutiquiers, ne sachant où aller, ont assisté à ces scènes d'une horreur indescriptible. La commune de Boumedfaâ, dans la wilaya de Aïn Defla, au lendemain du massacre qui a coûté la vie à 12 voyageurs et des blessures à 4 autres sur la RN4, était particulièrement calme ce week-end. Situation étrange s'il en est pour cette région qui connaît une grande animation à cause de la station thermale de Hammam Righa, située à 10 km de Boumedfaâ. Le crime commis mardi dernier par le GIA, a fait fuir les gens et replongé la population de la région dans la peur. Les traces de sang ont été nettoyées sur la route et devant les cabanes des produits d'artisanat. Ces vendeurs ont fermé leurs locaux et ne savent plus que faire, car tous les propriétaires passaient la nuit dans leur cabane, et il y en a même qui ont vu et entendu ces criminels massacrer leurs malheureuses victimes. «Je n'arrive pas à dormir la nuit depuis ce massacre. J'étais présent, leur voix était grave, je n'ai entendu que des bribes de phrases: ‘‘Laissez-le approcher'', ‘‘Abattez-le'', ‘‘Ça y est'', ‘'Arrête, arrête'', c'était terrible et cauchemardesque», témoigne un des vendeurs. Le chef de daïra de la ville de Boumedfaâ nous a confirmé que cet attentat n'a duré que quelques minutes seulement et c'est grâce à l'intervention rapide des éléments de la gendarmerie installée du côté sud de la route, que le bilan n'a pas été plus lourd, ajoutant que les usagers de la RN4 prennent de gros risques à toute heure, avec leurs familles et leurs amis. Pour rappel, le même groupe a assassiné un citoyen le mois dernier dans la même région dans son véhicule et en a blessé trois autres, malgré les guérites implantées tout au long de la route et les patrouilles militaires qui sillonnent inlassablement la région. Mais les terroristes passent inaperçus, accomplissent leurs forfaits et prennent la fuite vers leur fief sans être inquiétés. «Il faudrait faire quelque chose pour ces gens qui prennent la route la nuit», ajoute un citoyen de la ville. Juste après cet attentat, un forcing a été effectué par les forces combinées de l'ANP sur les hauteurs de Aïn Dem et les monts de Djebel El-Louh. Selon des sources dignes de foi, les habitants des douars éparpillés dans ces deux régions ont vu un groupe de personnes non identifiées passer non loin de chez eux durant la nuit du crime. La plupart des citoyens dans ces bourgades sont armés et se sont préparés pour une attaque terroriste. Toujours selon notre source, les terroristes ont profité du relief très accidenté de la chaîne de montagnes qui surplombe les wilayas de Aïn Defla et Médéa pour regagner leurs retranchements. Cependant, les forces combinées ne se sont toujours pas retirées, l'opération de ratissage suit son cours, et aucun bilan n'a été donné. D'autres pensent que ce faux barrage ne serait qu'une diversion visant à desserrer l'étau de l'ANP sur le Djebel Doui, à 7 km au sud du chef-lieu de la wilaya où des centaines de terroristes sont encerclés depuis plusieurs jours.