Abdelkader Hadjar, censé être en poste à Téhéran, a pris la tête d'un supposé comité de sauvegarde du FLN. Le scénario rappelle trop ce qui s'est passé au RND pour ne pas suggérer que des cercles au pouvoir tirent toutes ces ficelles. Incroyable, mais vrai. Le trublion Abdelkader Hadjar, principal auteur du fameux «coup d'Etat scientifique» qui avait renversé en 1995 Abdelhamid Mehri au profit de Boualem Benhamouda, est brusquement revenu sur le devant de le scène médiatique. Il a officiellement revendiqué les agressions commises ces derniers jours contre les mouhafadhate de Mostaganem, Naâma, Biskra, Mascara et Blida. A l'en croire, il aurait même pris la tête, du jour au lendemain, d'un prétendu comité de sauvegarde du FLN. Des sources généralement bien informées nous indiquent que Abdelkader Hadjar, censé être en poste à Téhéran en tant qu'ambassadeur, a présidé, apprend-on de sources sûres, dans une résidence d'Etat à Club-des-Pins une réunion à laquelle ont pris part quelques députés et sénateurs du parti ainsi que des «déçus» proches de certaines figures éloignées du FLN depuis de nombreuses années déjà. Etaient également présentes des figures de proue du mouvement de protestation contre Benflis, dont Tou, Bouabdallah...C'est à la suite de cette réunion, croit-on savoir, que l'ordre a été donné de «prendre d'assaut» les quatre mouhafadhate citées plus haut. Selon les analystes, les «assaillants», puisqu'il faut bien les qualifier ainsi, espéraient, sans aucun doute, que l'effet de surprise allait faire tomber les quatre mouhafadhate, là où ils se sentaient les plus forts et le plus en «confiance». Ce dernier est donné entre guillemets puisque des témoignages concordants et sûrs avancent de graves complicités de la part de très hauts responsables locaux. Une fois tombées, ces quatre «citadelles», le restant des mouhafadhate, pensaient ces putschistes en herbe, aurait automatiquement suivi sous l'effet de surprise et de la crainte des militants des représailles aussi bien administratives que politiques. Ce qui s'est produit à Mascara illustre parfaitement et étaye cette analyse. Le siège du FLN au niveau de cette localité est demeuré «assiégé» près de 24 heures sans que les pouvoirs publics daignent intervenir. Il a fallu que des renforts de militants arrivent de la ville pour que la mouhafadha soit enfin libérée. Et c'est précisément cette donne que les putschistes et leurs commanditaires, indiquent des analystes, ne semblent pas avoir pris assez en ligne de compte. C'est celle des militants, réellement dévoués à la cause de leur parti depuis que le FLN a fait peau neuve et a décidé de ne plus obéir à aucune chapelle. Abdelkader Hadjar, dans des déclarations quasi similaires, faites hier à la presse, trahit ses appréhensions et l'échec lamentable de son complot, remake grossier du fameux «coup d'Etat scientifique» de 1995. Ambassadeur censé être toujours en poste en Iran, il n'hésite pas à s'afficher à Alger, et à proclamer sa direction du fameux comité de «sauvegarde du FLN». Il va jusqu'à revendiquer fièrement ces actes de «brigandage» impensables dans cette Algérie du troisième millénaire, censée avoir dépassé ce genre d'actes unanimement qualifiés d'«indignes» et d'«immoraux». Mais, Hadjar, soulignent ironiquement des sources proches de la direction du FLN, «s'en soucie-t-il seulement, lui qui se permet de défier la Constitution, la République et son premier garant, le Président Bouteflika». Un grave incident avait déjà opposé le Président à Hadjar à propos de l'utilisation de la langue arabe. Hadjar, lors de sa présence à la tête de la commission sur la généralisation de la langue arabe, s'était déjà permis de la détourner de sa vocation première et de lui insuffler la tendance arabo-baâthiste qui semble être la sienne. Dans ses attaques haineuses contre Ali Benflis, notamment accusé d'avoir «spolié» le FLN, il va jusqu'à dire que ce parti est contre tamazight introduite dans la Constitution et contre les actions du mouvement des ârchs. En agissant, en s'exprimant de la sorte, Hadjar ne fait rien moins que de défier son Président alors qu'il en est l'ambassadeur. Il donne l'air, également, de vouloir torpiller le nouveau dialogue avec le mouvement des ârchs alors que c'est le chef de l'Etat lui-même qui en est l'initiateur. Il s'agit d'une première sans doute planétaire, un diplomate, censé épouser toutes les visions et lois de son pays, se permet de les défier publiquement sans qu'aucune sanction soit prise contre lui. C'est également le cas pour les agresseurs, dont la liberté de mouvement ne semble pas être compromise. Même le très important communiqué du FLN, signé par son secrétaire général en personne, n'a donné lieu à aucune réaction officielle de la part des décideurs en dépit de la gravité des faits signalés. Il a fallu que Benflis saisisse, lui-même, le lendemain, le Chef du gouvernement, le ministre de l'Intérieur et aille déposer des plaintes devant la justice. Mais, là encore, il n'y a toujours pas de réactions alors que le Président, qui a tout intérêt à dénoncer des faits aussi préjudiciables à tout l'Etat algérien, à commencer par la plus haute institution du pays. Ces actes, dénoncés par toute la classe politique, les qualifiant de «brigandages» et de faits «commis par des tontons macoutes», appellent absolument une réaction musclée, à la mesure de la gravité des faits, de la part des pouvoirs publics, à commencer par la justice. Hadjar, qui revendique publiquement ces actes, est passible de poursuites judiciaires et de sanctions de la part de ses responsables hiérarchiques, le ministère des Affaires étrangères en l'occurrence. Sans cela, de quelle démocratie pourront encore se targuer les pouvoirs publics, et quelle crédibilité garderont encore les futurs rendez-vous électoraux...?