Le secrétaire général du ministère de l'Intérieur n'a, pour l'instant, fait aucune déclaration officielle. Mais cette affaire risque de prendre de graves proportions. La candidature de Ali Benflis, secrétaire général du FLN, à l'élection présidentielle de 2004 devient de plus en plus irréversible. Et cette option qui n'attend, en fait, que l'aval du congrès extraordinaire qui peut, sous la pression de la base, totalement acquise à l'ancien Chef de gouvernement, avoir lieu plus tôt que prévu, continue à déranger les partisans de Abdelaziz Bouteflika dont l'intention de postuler à un second mandat à la présidence a été annoncée il y a quelques mois, d'abord par lui-même lors de la visite de Jacques Chirac en Algérie, ensuite par le coordinateur principal de ses comités de soutien, Amar Saïdani. Mais ce qui devait, dans une démocratie normale, déboucher sur un vrai débat sur l'avenir du pays et les moyens à mettre en œuvre pour le sortir de la terrible crise qu'il vit depuis des années, a tourné à l'invective et à la violence. Pour avoir proclamé son indépendance et son autonomie de décision, lors de son huitième congrès, le FLN a vécu un triste épisode. Les attaques contre des mouhafadhas, dans quelques chefs-lieux de wilaya du pays, étaient, en fait, un sérieux complot qui visait, en premier lieu, l'occupation de toutes les structures du parti et, en seconde étape, l'annonce de la tenue d'un congrès qui effacerait celui qui a propulsé, en mars dernier, Ali Benflis au rang de présidentiable. L'opinion publique a fini par comprendre l'objectif de ceux qui contestent les décisions des huitièmes assises du FLN. Les opposants à la nouvelle ligne du parti veulent tout simplement ramener celui-ci dans le giron de Bouteflika. Une démarche à laquelle Ali Benflis a dit non dès le départ et une décision qui lui a valu son éviction de la tête de l'Exécutif. C'est à partir de cette prise de position que le FLN est directement ciblé, d'abord par certains députés, ensuite par Abdelkader Hadjar qui a déserté son poste d'ambassadeur à Téhéran pour se proclamer chef de file des opposants à Ali Benflis. Si ce n'était la clairvoyance de celui-ci et de la direction de sa formation, le pays serait voué à une autre crise politique, une de trop que les supporteurs du président de la République ont failli provoquer. Même si les responsables du FLN accusent ouvertement “l'implication de certains cercles du pouvoir, notamment le ministère de l'Intérieur qui a manifesté sa volonté de s'ingérer”, dans ce qui est censé être leurs affaires internes, ils n'ont tout de même pas été jusqu'à prendre la décision de demander aux ministres du parti de quitter le gouvernement. Des membres du bureau politique soulignent qu'“Ali Benflis ne voudrait en aucun cas altérer le fonctionnement des institutions du pays”, même si ses ministres lui ont demandé de les laisser démissionner. Seulement, cette option n'est toujours pas écartée pour la simple raison que le conflit entre le FLN et ses contestataires se complique de jour en jour. “L'affaire” du secrétaire général du ministère de l'Intérieur, M. Kendil, qui aurait été, selon un confrère, menacé de mort par de hauts responsables du parti de Ali Benflis, dont il ne décline pas l'identité, pourrait aggraver la situation. Abdeslam Medjahed, porte-parole du parti, a la ferme conviction qu'il s'agit là d'un autre complot contre la direction du FLN. En rejetant ces accusations et en dénonçant ces faits, non encore confirmés par le responsable du ministère de l'Intérieur lui-même, il souligne que les gens qui sont à l'origine de ces menaces peuvent faire n'importe quoi pour porter atteinte au FLN. Les attaques contre les mouhafadhas ayant échoué, l'offensive médiatique de Hadjar et consorts s'étant avérée infructueuse, l'opposition à la candidature de Benflis à l'élection présidentielle de 2004 semble passer à une autre phase dont on ignore, pour l'instant, les contours. En attendant que Abdelkader Hadjar passe à l'action, le FLN réunira, jeudi prochain, son conseil national de coordination où d'importantes décisions seront prises. Mais tout porte à croire que Ali Benflis et ses collaborateurs au sein du parti semblent oublier le dernier épisode de l'ambassadeur de l'Algérie à Téhéran et de ses soutiens, pour se consacrer à la préparation du rendez-vous de 2004. S. R.