La maison d'arrêt de Tizi Ouzou a été la destination et des familles et des délégués des ârchs. La rumeur qui a couru, tôt, hier matin, avait attiré un certain nombre de personnes. Les détenus des ârchs, dont Belaïd Abrika arrêté le 13 octobre dernier, Rachid Allouache interné depuis le 16 novembre, et Nourredine Medrouk, arrêté le 17 mai dernier, allaient être libérés Des avocats ayant rendu visite à leurs clients ont assuré avoir vu les délégués détenus préparer leurs affaires pour être libérés. A partir de 15h, la foule des amis, des parents et des délégués des ârchs grossissait. Le père d'un délégué des Genêts, Rachid Kaci, brandissait l'emblème national. L'attente commence, longue, éprouvante et aussi angoissante. On s'échange des informations: vont-ils être tous libérés? Est-ce une libération provisoire? Des avocats expliquent le cheminement des procédures. La foule s'impatiente. Vers 16h 30, un premier détenu sort. C'est Rachid Allouache, le délégué d'Ath Djennad. On l'étreint, on le félicite, on l'embrasse. Il commence par rassurer les familles: «Abrika et Medrouk sortiront tout à l'heure! Le retard est dû à la paperasse». Les journalistes, présents en nombre, se pressent autour de Rachid Allouache. Ce dernier, apparemment reposé, mais quelque peu ému, commence par expliquer: «Notre libération, nous la devons à la mobilisation populaire!» Questionné à propos du dialogue, le délégué des Ath Djennad arrêté le 16 novembre dernier, dira: «Ce sera à la base de décider.» Même s'il n'a pas manqué de préciser que «le gouvernement vient de faire preuve de sa bonne volonté». Et le délégué d'ajouter: «Le temps passé en prison n'est rien face à la souffrance de la population.» Puis de conclure: «On attend d'autres signaux forts de la part des pouvoirs.» Le délégué rejoint ses amis et sa famille et la longue attente recommence. Des automobilistes, intrigués par l'attroupement, s'arrêtent et vont aux nouvelles. Dès qu'ils apprennent l'information, ils affichent un air de satisfaction. L'un d'eux dira: «On peut commencer à croire, maintenant, que la région va retrouver le calme et la sérénité.» Des avocats, approchés par un confrère, expliquent le retard de la libération des autres détenus, Abrika et Medrouk, par les lenteurs de la procédure. Comme ils affirment: «En principe, tout le monde sera chez lui, ce soir!» Ils soulignent qu'en fait «c'est une mise en liberté provisoire décidée par la justice, sur proposition du parquet!» Vers 18h, la foule commence à s'impatienter, les deux détenus restants, Abrika et Medrouk, tardent à être libérés. Une rumeur enfle. Ils ne seront libérés que ce matin, la procédure prenant trop de temps. Ce que la foule refuse. Une délégation de délégués des ârchs et d'avocats entre en contact avec le directeur de la maison d'arrêt. Tout le monde exige que les deux délégués passent la nuit chez eux. Une demi-heure plus tard, la délégation et de retour. Elle sera happée par la foule. Un des avocats, ayant eu à parlementer avec le directeur de la prison, annonce que la libération de Belaïd Abrika est imminente. Il expliquera la procédure. Ainsi, ce délégué, dont le dossier relatif à l'enlèvement et à la séquestration du délégué-dialoguiste Ali Talbi, a été renvoyé à la criminelle, et ne pourra être relâché avant la notification de la chambre d'accusation qui devait siéger, hier, ou au plus tard ce matin. L'avocat affirme qu'Abrika sera dans les heures à venir auprès des siens. En parallèle, il avertit la foule contre toute tentative de débordement. Tout le monde est rassuré, et l'on commence à se disperser dans le calme. A l'heure où nous mettons sous presse, les deux détenus n'avaient pas encore franchi le portail de la prison. Pour rappel, Belaïd avait été arrêté le 13 octobre dernier. Depuis, il avait écopé de cinq mandats de dépôt pour une vingtaine de chefs d'inculpation à l'issue des incessantes présentations devant le juge d'instruction. Pour sa part, Rachid Allouache avait été incarcéré le 16 novembre pour trois dossiers (tentative d'enlèvement du délégué dialoguiste Ali Talbi, outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions et attroupement et incendie volontaire). Pour Nourredine Medrouk, le délégué de Beni Douala, il avait été placé sous mandat de dépôt le 17 mai dernier à la suite de la plainte déposée contre lui par le vice-président de l'APC d'Aït Mahmoud. Ainsi, par cette mesure posée comme principal préalable par les ârchs avant tout lancement de dialogue, le pouvoir vient de faire preuve de sa sincère volonté pour le règlement de la crise de Kabylie.