Comme prévu, il a été libéré, hier, dans une ambiance indescriptible, particulièrement au quartier des Genêts de Tizi Ouzou. En effet, il était 11h35 lorsque Belaïd Abrika, accompagné de Noureddine Medrouk, franchit le grand portail de la maison d'arrêt. Tout de noir vêtu, le front ceint d'un bandeau portant l'inscription «Ulac smah ulac, libérez les détenus», Abrika sera happé par la foule qui s'était agglutinée, dès les premières heures de la journée, devant le portail. On voulait le toucher, l'approcher et l'embrasser. Sa mère Nna Fetta était émue. Les flashes crépitent et les habituels slogans se côtoient. Dans la mêlée qui s'en est suivie, Abrika est soulevé par la foule. Cette ambiance sera agrémentée par les concerts de klaxons et les youyous qui fusaient des balcons. Une marche est alors improvisée vers le quartier des Genêts où réside Abrika. Une grande banderole noire, qui reprenait le point 11 de la plate-forme d'El-Kseur relatif à la primauté du civil sur le militaire, était déployée par les marcheurs. Dans la foulée, un avocat du collectif de la défense des détenus du mouvement citoyen nous apprendra que le délégué de la coordination communale de Tizi Ouzou avait conditionné sa libération par celle de Noureddine Medrouk, que l'administration pénitentiaire voulait bloquer. A ce titre, M.Saheb nous affirmera qu'il a fallu beaucoup de tact et des négociations serrées pour que le directeur de la maison d'arrêt accepte de prendre attache avec le parquet de Tizi Ouzou lequel, à son tour, notifiera la libération de Noureddine Medrouk, interpellé le 17 mai dernier, à la suite de la plainte déposée contre lui par le vice-président de l'APC de Beni Douala. Tout au long du trajet, la foule grossit. «Assa azzeka, Belaïd yella yella», «La hiwar la chiwar la plate-forme obligatoire», «Pouvoir assassin» et autres mots d'ordre des ârchs étaient ressassés. Arrivée au quartier des Genêts, un des hauts lieux de la révolte populaire en Kabylie, la foule se disperse. Abrika, entouré de Tahar Allik, Mouloud Chebhab, Rachid Allouache et Noureddine Medrouk ses ex-codétenus, depuis un balcon, improvise alors un discours. Ainsi, il dira pour la circonstance: «C'est avec une joie immense que nous retrouvons aujourd'hui la liberté. Si je suis aujourd'hui parmi vous, c'est grâce à votre infaillible mobilisation. Vous avez tous souffert avec nous. Cela dit je n'ai pas négocié ma libération. Je le dis pour le cas où elle s'avérerait être une autre manoeuvre du pouvoir pour casser le mouvement. Je suis prêt à retourner en prison.» Une heure plus tard, Abrika retrouvait enfin son domicile qu'il avait quitté le 13 octobre dernier après son arrestation. Ainsi, par la libération de Belaïd Abrika et des autres délégués du mouvement citoyen, qui intervient à la veille de la tenue du conclave de l'interwilayas où la réponse des officiels des ârchs par rapport à l'offre de dialogue d'Ouyahia sera définitivement tranchée, le pouvoir semble donner le signal fort de sa sincérité et de sa bonne volonté pour le règlement de la crise de Kabylie.