Le voyage du Président Bouteflika à Bruxelles, à l'invitation de l'Etat belge, au titre de la présidence de l'UE, tentera de rattraper l'échec de l'Afrique et celui du G7+1 lors du sommet de Gênes. Le Président de la République retrouvera à Bruxelles ses partenaires pour le renouveau de l'Afrique, les présidents malien, nigérian, sud-africain et sénégalais. La Belgique a fixé à sa présidence de l'UE un objectif prioritaire qui consiste en la mise en place de mécanismes euro-africains pour sortir le continent le plus pauvre du monde du cercle vicieux des guerres, de la misère, des maladies et des trafics en tous genres. Les plans «pour sauver l'Afrique» se sont succédé sans aucun succès depuis longtemps. Mais désormais, ce sont les Africains qui ont pris l'initiative de mettre en place un plan, le «Millenium African Plan», complété par l'initiative individuelle de Abdoulaye Wade, président du Sénégal, «le Plan Oméga». Les quatre chefs d'Etat présenteront, en fait une synthèse des deux documents, intitulée «Nouvelle initiative pour l'Afrique» (NIA) dans l'espoir de faire aboutir la démarche initiée à Gênes. Les chefs d'Etat africains, qui ont mandaté le quatuor qui est aujourd'hui à Bruxelles, s‘étaient engagés, lors du 37e sommet, à Lusaka, d'«oeuvrer ensemble pour promouvoir la paix, la stabilité et une gestion économique saine». Pour que cette NIA ait un minimum d'efficacité, l'aide internationale devra dépasser, pour le continent, 25 milliards de dollars chaque année, pour les dix ans à venir. Mais le fléau le plus grave reste que pour chaque dollar qui rentre en Afrique, il en sort 1,30, selon le dernier «Rapport mondial sur le commerce et le développement» de la Cnuced. C'est fort de ces arguments que le Président algérien et ses pairs vont plaider, «sinon l'effacement de la dette africaine, du moins une atténuation significative de son impact sur les efforts de développement», comme l'a affirmé M.Bouteflika devant la CEA à Alger. Le ministère des Affaires étrangères belge, dans une première réaction, estime que «la NIA est un document intellectuellement très élaboré, et qui offre une vision et une approche totalement nouvelle du problème africain». La nouveauté, toujours selon le ministère belge, réside en ce que l'«on n'y parle plus que de dette et d'assistance, mais aussi de gouvernance et de prise en main des problèmes par les Africains eux-mêmes». De source européenne, «les négociations sur l'intégration régionale, la lutte contre le Sida, la sécurité alimentaire sont bien avancées». Mais les séances de travail de mercredi et jeudi suffiront-elles à lever les divergences qui séparent les Africains et les Européens à propos de la dette et des biens culturels? Pourtant, c'est le siècle de l'Afrique.