Dans une réponse au Chef du gouvernement, la Coordination définit les modalités de mise en oeuvre du dialogue. La libération de Loulmi, des frères Derbal, Amrane, Akal, Boucheneb, six des huit détenus du mouvement citoyen à Bouira, est une réponse au préalable posé lors du dernier conclave tenu à M'chedallah. Il y a lieu de signaler que l'annonce du Chef du gouvernement de recourir à une solution de la crise qui secoue la Kabylie depuis deux années par un contact direct au dialogue avec les représentants des ârchs avait été accueillie favorablement par la présidence tournante de la Coordination de wilaya des comités citoyens. L'accord et le recours à la table des discussions avaient été toutefois, conditionnés par la libération inconditionnelle de l'ensemble des personnes arrêtées dans ce cadre et l'annonce officielle par le premier magistrat du pays de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Le dernier conclave tenu à M'chedallah, seule daïra de la wilaya de Bouira à avoir refusé les élections dans cinq communes, avait statué sur les suites à donner à l'invitation. La prise de position intrinsèque adoptée par le Chef du gouvernement pendant les débats sur le programme gouvernemental à l'APN où il avait refusé toute représentation en dehors du cadre du mouvement citoyen, était un signe fort et une reconnaissance claire de la structure seule habilitée à engager le mouvement. La hantise d'un déjà-vu avec la fameuse rencontre et les fameux ateliers initiés du temps de l'ancien Chef du gouvernement s'est dissipée. Dans un entretien exclusif avec notre journal, M.Hakim Kacimi, membre de la présidence tournante du mouvement, nous a expliqué sa vision et les perspectives envisagées, quant aux suites à donner à l'invitation. «La question clé est celle de savoir comment s'entendre sur la manière de mettre en oeuvre la plate-forme d'El-Kseur pour ensuite entamer un véritable processus de sa satisfaction. La plate-forme brute élaborée le 11 juin 2001 à El-Kseur scellée et non négociable depuis le conclave d'Imchadallen le 31 août 2001 et explicitée à Larbaâ Nath-Iraten le 31 octobre 2001, fait que nul ne peut négocier. Le dialogue par définition est un outil civilisationnel de communication entre deux parties. Le mouvement citoyen a, de tout temps, sollicité le recours à ce procédé. Dans ce conflit, il y a une seule partie, celle des Algériens et des Algériennes. La problématique qui existe est un combat entre gouverneurs et gouvernés. Le concept de négociation ne peut avoir lieu pour cette raison. Si les gouverneurs reconnaissent publiquement cette plate-forme, le problème n'aura plus raison d'être et sera réglé conjointement avec les frères du mouvement citoyen. La dernière sortie du Chef du gouvernement en sa qualité d'interlocuteur des pouvoirs publics a été bien reçue par l'ensemble des citoyens et citoyennes et particulièrement les habitants de la Kabylie. Pourquoi? Le Chef du gouvernement a démontré publiquement sa disponibilité à régler cette situation quelles que soient les interférences des parties habituées à pêcher en eaux troubles. Cette volonté a été prise en considération par notre coordination qui est arrivée jusqu'à élaborer un document de réponse à cette invitation. Le mouvement citoyen, depuis sa naissance, n'a jamais cessé d'interpeller les gouverneurs pour tenter de les amener à l'évidence en exigeant une réponse publique officielle favorable à la plate-forme d'El-Kseur. Notre coordination dans sa réponse a levé toutes les équivoques pour une réponse claire définitive que les citoyens exigent depuis 21 mois. Parmi les principes directeurs de notre réponse nous citerons: la reconnaissance de la légitimité contenue dans la plate-forme - la reconnaissance solennelle de ce document de base vital à la construction d'une société démocratique - la reconnaissance des délégués authentiques et légitimes de l'interwilayas du mouvement des ârchs. La mise en oeuvre nécessite au préalable une entente sur les modalités et ce, pour barrer la route et la verrouiller aux opportunistes. L'ensemble de ces principes permettra d'entamer un véritable processus de satisfaction de la plate-forme, laquelle satisfaction s'inscrira dans la durée à moyen, court et long termes. La présidence de la République doit rendre public un communiqué qui sera un gage d'honnêteté et de sincérité entre les pouvoirs publics et les citoyens. En conclusion, nous dirons que dialogue, négociations, communication ou mise en oeuvre, peu importe le concept, la réalité et le but restent le règlement définitif d'une situation qui prévaut en Kabylie. Ce règlement ne peut se faire que par la volonté de satisfaire la plate-forme d'El-Kseur explicitée à Larbaâ Nath-Irathen.» Pour Mourad, le délégué de Taourirt, «la libération des détenus du mouvement citoyen est un signe fort de dénouement et de bonne volonté de la part de l'interlocuteur des pouvoirs publics qui peut mener au règlement définitif de la situation qui prévaut en Kabylie depuis 2001. Puisqu'il y a un interlocuteur qui s'est exprimé publiquement, la crise n'a plus besoin d'intermédiaires. Le message s'adresse aux uns et aux autres particulièrement aux détenteurs du pourrissement. L'appel du Chef du gouvernement au dialogue a été bien reçu seulement, il faut que tout le monde comprenne que la culture du dialogue ne sera jamais instaurée sans la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur.»