Ce chiffre n'inclut pas les islamistes armés tués par les forces de sécurité, et qui avoisine la quarantaine. Au moins 70 citoyens ont été assassinés depuis le début du mois de juin par les différentes organisations armées - Gspc, GIA, GSC, Gspd et Ghds - un peu partout dans le pays. Ce chiffre n'inclut pas les islamistes armés tués par les forces de sécurité, et qui avoisine la quarantaine. Si l'on se réfère à ce genre de bilan, on peut évaluer les citoyens assassinés depuis le début de l'année à au moins 400, dont un nombre impressionnant de policiers, militaires et autres membres des services de sécurité. Si on établit une comparaison avec la carte de la violence de l'année 2002, on aboutit à ce résultat affligeant : l'année en cours connaît une nette recrudescence des actes de terrorisme dont les auteurs sont trois des cinq organisations encore en activité, le Gspc, le GIA et le Ghds. L'année dernière, le démantèlement au tout début de l'été de deux groupes armés, l'un activant pour le GIA et l'autre pour le Gspc, avait permis à la zone de l'Algérois de vivre sa première saison estivale sans assassinats. La neutralisation en plein centre d'Alger du «groupe des 18», à la suite des aveux faits par Kobbi Hocine, un aveugle repenti, avait fait échouer les plans du nouveau mentor du GIA, Abou Tourab Rachid, de mettre la capitale à feu et à sang. Le même maillage sécuritaire, rigoureux et imperméable, avait permis d'éliminer une petite cellule active du Gspc en plein centre d'Alger. Aujourd'hui, Alger et sa périphérie proche vivent une certaine accalmie, voire une embellie sécuritaire réelle, mais à partir de Blida au sud, de Boumedfaâ à l'ouest et de Boumerdès à l'est, la violence armée prend des proportions quasi effrayantes et presque quotidiennes. Le forcing du Gspc dans la région kabyle, à l'est et au sud, met mal à l'aise les autorités du pays. Les policiers sont devenus, en ce mois de juin, une cible privilégiée des groupes de Hacène Hattab. Coup après coup, deux brigades de la police tombent dans des guet-apens tendus par les hommes du Gspc. Au total, une douzaine de policiers y ont péri. A Jijel, Batna et Sétif, les groupes locaux du Gspc passent à un autre seuil : le massacre de citoyens civils. La dérive sanglante des groupes armés de ces trois villes plus rattachées à Abdelrezak El-Para qu'à Hacène Hattab, s'apparente à celle opérée par le GIA dans son génocide à partir de 1996-1997. La «stratégie de symbiose» et les attentats ciblés cèdent le pas peu à peu aux massacres tous azimuts. Cependant, c'est au sud que le Gspc a réellement fait banco en réussissant un rapt spectaculaire de trente-deux touristes européens. Si les unités spéciales de l'armée ont réussi un bel exploit en libérant, dans la région météoritique d'Amguid, dix-sept d'entre eux, il n'a pas été de même pour les quinze restants encore détenus par un groupe se réclamant du Gspc dans les grottes de Tamerlik, dans le Sud-Est algérien, à la périphérie d'Illizi. Les répercussions internationales de cette affaire ont fait grincer des dents des responsables politiques et militaires du pays. L'un après l'autre, le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le général de corps d'armée et patron de l'ANP, Mohamed Lamari, ont mis l'accent sur les dangers que représente le Gspc, organisation tentaculaire et super-structurée et qui, disent-ils, est affiliée à Al-Qaîda. Les nouvelles recrues qui sont venues grossir les rangs du Gspc sont autant de problèmes qui se superposent et créent de nouveaux soucis aux tenants du néo sécuritaire. Tout cela n'explique pas le pourquoi de cette brusque flambée de violence observée depuis le début juin. Les incursions terroristes se font de plus en plus dangereuses et audacieuses, de jour comme de nuit, à Zemmouri, Corso, Dellys, Sahel, Bouberak, Sidi Daoud, Boghni, Sétif, Jijel, Batna, Médéa, Relizane, Khemis Miliana, M'sila, Tissemsilt et Chlef. C'est-à-dire pratiquement à l'est, l'ouest, le centre et l'intérieur du pays. Les groupes armés marquent leur présence et leur aire d'activité par assassinats interposés. Le Gspc (Groupe salafsite combattant), le Gspd (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), le GIA de Ouakali Rachid et le Ghds (Djamaât houmât ed-daâwa es-salafia), totalisant à eux quatre quelque 500 éléments armés, actifs ou «dormants», rendent utopique toute lecture sérieuse. Activant à partir de Blida et Médéa, ils occupent les pourtours de l'Ouarsenis et s'étendent à l'Ouest algérien. Ils arrivent à empiéter un même territoire (Miliana, Chlef, Tissemsilt) et communiquent par des massacres. La poussée de violence actuelle, marquée par une propagation de la violence tous azimuts, doit avoir ses grilles de lecture. Messages à décrypter avec le maximum de précaution.