Le MSP fait sa révolution Feintant la classe politique nationale, le leader du MSP revendique une nouvelle Constitution, l'ouverture du champ audiovisuel, ainsi que la suspension momentanée de l'Alliance présidentielle. Sortie fracassante de Bouguerra Soltani. Le président du Mouvement de la société pour la paix sort de ses gonds et déclare sa révolution pacifique. Comme premier pas, il revendique la révision profonde de l´actuelle Constitution avec une précision de taille: la limitation des mandats. «Il est dans l´intérêt de la nation de procéder à une révision profonde de la Constitution», a déclaré, hier, M.Solatni, lors de l´ouverture des travaux de la Conférence nationale des perspectives qui se tient à Zéralda. Sans ambages, il propose une nouvelle loi fondamentale élaborée à la base de quatre principaux éléments. Il s´agit selon lui, de limiter à deux les mandats du président de la République, de basculer vers un système parlementaire, de respecter la séparation des pouvoirs et de respecter les libertés de la pratique politique, de la presse et du mouvement syndical. Avec de telles revendications, le leader du MSP effectue un revirement spectaculaire. En 2008, il a fait de la suppression de l´article 74 de la Constitution de 1996 limitant, justement, le mandat présidentiel à deux périodes seulement, son cheval de bataille. Cette Constitution-là stipulait que le président de la République n´est réélu qu´une seule fois. Ce sont les députés du MSP, entre autres, qui ont voté l´amendement de cet article laissant le mandat présidentiel ouvert! Et voilà que le même responsable politique revendique le contraire et le retour à l´ancienne loi! Après la Constitution, M.Soltani a dénoncé l´Alliance présidentielle que forme son parti avec le RND et le FLN. Après sept années de coalition, M.Soltani juge que cette alliance est dépassée par les événements. Il estime qu´il est temps pour le chef de l´Etat de prendre une décision concernant l´avenir de cette coalition. Le leader islamiste n´écarte pas la suspension momentanée de sa participation aux activités de l´Alliance. «Au MSP, nous nous sommes alliés avec le président Bouteflika et non pas avec le RND et le FLN. Il appartient, donc, au chef de l´Etat de promouvoir cette alliance ou de suspendre ses activités. Dans l´état actuel, elle est dépassée», a-t-il affirmé dans une déclaration à L´Expression, en marge de la séance d´ouverture de cette conférence. Cette question sera tranchée aujourd´hui par les militants du parti réunis en conférence nationale. Il se dit même prêt à geler cette alliance, si la base du MSP le revendique. Les cadres du MSP estiment que leur formation n´est pas suffisamment impliquée dans les grandes décisions qui concernent le pays. Par la même occasion, il a expliqué que l´intégration de sa formation dans cette coalition était plutôt d´ordre stratégique. Elle a été dictée, selon lui, par la conjoncture dans laquelle se trouvait aussi bien le pays que sa formation politique en 2003. «On avait le choix entre soutenir l´initiative émanant à l´époque des dix forces politiques nées en 2003, visant à soutenir le candidat Abdelaziz Bouteflika, soutenir un candidat islamiste ou soutenir l´opposition. A ces choix, le conseil consultatif a appuyé la candidature de Bouteflika», a-t-il révélé. Et de préciser: «Notre parti qui venait à peine de perdre son leader, feu Cheikh Mahfoud Nahnah, était dans l´obligation de chercher des alliances stratégiques pour des objectifs bien déterminés.» Abordant le chapitre relatif à la scène politique nationale, M.Soltani estime urgent d´introduire neuf mesures pour que l´Algérie évite le vent des tempêtes qui souffle dans le Monde arabe. Il propose la révision de la loi électorale, la révision du Code communal, la neutralité de l´administration et les institutions de l´Etat lors des prochaines élections, la suppression des articles juridiques ayant lien avec la tragédie nationale, la récupération des deniers publics dilapidés, l´octroi au pouvoir judiciaire de plus de prérogatives, la réforme politique, l´effacement des dettes pour les petites entreprises créées dans le cadre de l´Ansej, ainsi que l´implication de l´opinion publique dans la concrétisation de ces mesures. Ne s´arrêtant pas là, M.Soltani a indiqué que l´Algérie pourrait ne pas faire l´exception si on ne procède pas à des changements dans le fond. Faisant allusion aux mesures prises par l´Etat concernant la prise en charge des revendications sociales, M.Soltani les a comparées à «des soins d´urgence» qu´il fallait entreprendre afin d´éviter le phénomène de contagion. Ce n´est pas tout. Il estime qu´une intervention chirurgicale est plus qu´urgente afin d´éradiquer la gangrène et bien soigner le corps politique par le nouveau sang de la jeunesse. S´agissant de l´ouverture du champ audiovisuel, M.Soltani avoue qu´il est dans l´intérêt de la nation de le libérer pour permettre l´émergence de nouvelles chaînes concurrentielles à d´autres télévisions étrangères. Avec autant de revendications, de propositions, d´aveu d´échec et de critiques, peut-on dire que M.Soltani fait un pas dans l´opposition? La politique n´a jamais été figée, elle est flexible et s´adapte à toutes les conjonctures que défendent les intérêts des politiciens. Et c´est la leçon que M.Soltani et sa formation ont, semble-t-il, bien retenue.