«les règles sont différentes entre l'économie dirigée et l'économie de marché.» Si la montagne Europe ne va pas vers l'Algérie, l'Algérie ira vers la montagne Europe ; cela semble être le message fort du Président algérien actuellement en Slovaquie et bientôt en Autriche. En effet, à chaque fois qu'on l'a invité à s'exprimer sur les négociations de l'Algérie avec l'Union européenne, le Président Abdelaziz Bouteflika s'est montré très amer à l'égard d'une Europe qui «se construit en direction de l'Est plutôt que vers le bassin méditerranéen». Il a toujours été très ferme pour que l'Europe prenne en compte, dans les négociations, la «spécificité algérienne». Il est clair que ce périple présidentiel appelle de tous ses voeux une construction de l'UE mais avec les pays du Sud méditerranéen. Beaucoup d'atomes crochus unissent les deux nations: slovaque et algérienne, leurs histoires respectives se rejoignent par d'étonnantes ressemblances. Ayant toutes deux connues le dirigisme économique, elles doivent faire face, aujourd'hui, à l'impérative mondialisation. Ainsi, le Président de la République a, dès dimanche, entamé une visite officielle de deux jours en Slovaquie en se rendant à Kosice, à l'ouest du pays, première étape de sa visite. Cette visite, qui répond à celle effectuée en avril 2002 par le président de la Slovaquie en Algérie, s'inscrit dans le cadre des relations traditionnelles d'amitié et de coopération qui lient les deux pays. L'attachement à la consolidation et au développement de ces relations d'amitié et de coopération, manifesté de part et d'autre, est de nature à dynamiser une coopération plus large, souhaitée tant à Alger qu'à Bratislava. Les potentialités économiques offertes par les deux pays constituent un autre atout pour aller vers des relations plus étroites, note-t-on dans la capitale slovaque. A Kosice donc (ouest de la Slovaquie) Boutelika a affirmé que la Slovaquie et l'Algérie sont «deux pays en transition qui passent de l'économie dirigée vers l'économie de marché». Répondant à une question de la presse slovaque à sa sortie de la mairie de Kosice - région natale du président slovaque Rudolph Shuster qui a été trois fois maire - Bouteflika a indiqué que «les deux pays s'attellent à mettre en place le cadre nécessaire au développement des relations économiques entre les deux pays». Nous sommes, a-t-il dit, en train de mettre en place «le cadre juridique adéquat au développement des relations économiques à travers, notamment un accord de non double imposition et un accord de garantie des investissements de manière à rendre plus attractif l'action des investisseurs». Cependant le chef de l'Etat algérien a précisé: «Le fait que nous sortions d'un système d'économie dirigée fait que nos entrepreneurs sont peut-être installés dans des formules anciennes». «Nous devons aider à changer de mentalité et à savoir que les règles sont tellement différentes entre l'économie dirigée et l'économie de marché». Dans ce contexte, le chef de l'Etat a souligné la nécessité de «faciliter ce travail par toutes sortes de moyens, y compris par celui de la clause de la nation la plus favorisée». «Mais, a-t-il dit, c'est au secteur privé de faire le travail.» En outre, rappelons que l'Union européenne constitue un cadre où les deux pays devraient se rencontrer dans la mesure où la Slovaquie adhérera en janvier 2004 à cette institution avec laquelle notre pays est lié par un accord d'association. D'énormes possibilités s'offrent ainsi aux deux pays pour impulser la coopération bilatérale et la hisser au niveau des relations d'amitié qui lient les deux pays. Hier, Abdelaziz Bouteflika s'est rendu à Bratislava, deuxième étape de sa visite en Slovaquie, où il a déclaré: «Les entretiens que j'ai eus avec le président Shuster et les discussions entre nos deux délégations ont dégagé une large sphère de compréhension non seulement sur les questions de caractère bilatéral, mais également sur les problèmes qui agitent la scène internationale». Le Président Bouteflika a saisi l'occasion de son discours pour «dire toute notre appréciation de l'aide qui nous a été apportée par la Slovaquie lors du séisme particulièrement dramatique qui frappé la région d'Alger». Le président slovaque a noté, de son côté, que «le développement de nos relations avec l'Algérie est une priorité de notre politique étrangère». Il a indiqué, par ailleurs, qu'avec l'adhésion de la Slovaquie à l'Union européenne et à l'OTAN en mai 2004 les relations bilatérales connaîtront un développement certain.