Des millions d'enfants africains sont victimes de la famine, de la pauvreté, des maladies, de la guerre... Sous les regards complaisants ou complices des politiques, les enfants africains sont voués aux pires vicissitudes et subissent la bêtise humaine au travers des guerres et des conflits qui engloutissent des fortunes. Des millions d'enfants africains meurent chaque année de la famine, de maladies infectieuses (le fléau du paludisme continue de tuer 3000 enfants africains chaque jour alors que le sida en tue des dizaines de milliers, laissant aussi beaucoup d'orphelins, etc.) mais surtout d'exploitations abusives dans le travail et la guerre. Le silence des politiques constitue une forme de caution aux «trafiquants sans scrupules qui capitalisent les misères des enfants africains fragilisés par un environnement hostile». La pauvreté est mise à profit par des «bourreaux sans vergogne qui n'hésitent pas à imposer aux enfants les plus vils des travaux tels que la prostitution, le trafic en tout genre ou tout simplement le maniement des armes». Un constat alarmant est dressé par les institutions internationales alors qu'en certains pays, on continue à célébrer avec faste la journée de l'enfant africain qui est sujet à «un sursis pour atteindre 18 ans». Selon l'Unicef, au moins 10 millions d'enfants africains vivent actuellement sans leurs familles et continuent d'errer dans les rues des grandes villes et sont des proies faciles aux cartels de prostitution, d'esclavage et autres activités. Certains organismes font état de «dégradation de la situation des enfants de la rue dans les pays en développement où le taux de mortalité infantile, la malnutrition et les abus physiques sont nombreux». L'Unicef, à titre d'exemple, a estimé qu'environ 107.763 enfants au Kenya nécessitaient une protection particulière. Elle a indiqué que 26 % d'entre eux vivaient dans la rue en 1990. Le chiffre, depuis, a triplé, quadruplé ou quintuplé en raison de la démographie galopante et de l'insatiabilité des «marchands de misère». Les enfants africains sont victimes de la maladie, de la guerre, de la pauvreté et de la pénurie d'aide. Ils auront vécu une décennie difficile. Plus de dix ans après que les dirigeants mondiaux se sont réunis à l'occasion du Sommet mondial pour les enfants de 1990 afin d'adopter des objectifs ambitieux en vue d'améliorer la santé infantile et la protection de l'enfance, des dizaines de millions d'Africains, parmi les plus jeunes et les plus vulnérables de la population du continent, continuent de mener une vie difficile et dangereuse qui, bien trop souvent, s'achève prématurément. Des enfants en rupture d'enfance. Aux yeux des enfants africains, le monde a basculé, non pas le 11 septembre 2001, mais depuis la décennie qui a vu partir en fumée leurs rêves d'enfant. La terreur et non le terrorisme, plus dévastatrice que toutes les guerres combinées, responsable, en sol africain, de 17 millions de décès dont ceux de 5 millions d'enfants qui n'avaient même pas 15 ans, responsable de 13 millions d'orphelins, responsable de l'infection annuelle de 600.000 nourrissons, s'appelle sida. La différence avec le terrorisme conventionnel réside dans le fait qu'il frappe non pas les symboles de l'hégémonie économique, mais ceux de l'hégémonie de la pauvreté.