Le débat ne fait que s´amorcer, mais c´est là une excellente chose que des Algériens échangent des idées et réfléchissent sur le meilleur avenir à donner à ce pays. Certes, la discussion reste parcellaire et se fait par à-coups, mais l´important est que les choses bougent, que ceux qui estiment avoir des choses à dire, s´expriment. Tant il est vrai que c´est par la discussion que l´on clarifie les choses, que l´on se corrige, que l´on avance. Il est vrai aussi, que personne ne détient ou, prétend détenir, à lui seul, la vérité. Cela pour dire que l´Algérie, en phase de transition, ne peut absolument pas faire l´économie d´un débat national, singulièrement, lorsqu´il est question de réfléchir à la loi fondamentale organisant et gérant le pays. C´est en fait l´affaire de tous les citoyens, partis politiques et associations pouvant, peu ou prou, apporter leur pierre à l´échafaudage de la «Maison Algérie». Il est, dès lors, inconcevable que l´on veuille cadrer ou placer en tutelle le débat sur la procédure de mise en oeuvre de la future Constitution du pays. Assemblée constitutionnelle? Révision en «profondeur» comme le préconisent le FLN et le RND? Cela se discute, certes, mais encore faut-il qu´il y ait effectivement discussion et non une imposition du fait du prince, comme le laissent supposer de récentes déclarations de responsables de ces deux partis. Bien sûr, une révision en «profondeur» de l´actuelle Constitution, reste dans l´ordre des choses et peut constituer le processus le plus indiqué. Mais encore convient-il de dire qu´il y ait consensus entre les acteurs politiques, la société civile et autres juristes sur ce qui serait le mieux-disant pour l´Algérie, afin de la sortir de la stagnation et de la crise qui mettent en stand-by son développement. Or une tendance lourde se développe actuellement en faveur d´une Assemblée constituante, pour laquelle plusieurs partis se sont d´ores et déjà prononcés. Aussi, on ne peut rejeter d´un revers de la main ce fait comme inopportun sans l´avoir examiné. D´autant plus qu´il est reproché aux Constitutions concoctées depuis l´Indépendance de n´être pas représentatives, lorsqu´elles ne sont pas accusées d´être conçues sur mesure. Le changement que réclame le peuple va dans le sens de l´Histoire et il serait peu politique d´ignorer une telle demande. Qui dit changement, dit démocratie, avec tout ce que cela suppose en matière de libertés, de bonne gouvernance et de droits de l´homme. En effet, comment peut-on se réclamer de la démocratie lorsque ses principes fondateurs ne sont pas observés, ignorés ou carrément écartés? «La démocratie c´est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.» C´est une devise qui est gravée sur les frontons des mairies de la République algérienne. C´est aussi une définition de la démocratie attribuée à Périclès (homme d´Etat athénien, vers 495 avant J - C). La démocratie est régie par des lois qualifiées de «fondamentales». C´est la «Constitution». Un système constitutionnel est un système dans lequel le travail se fait en vertu et en conformité avec la Constitution, laquelle limite et contrôle la puissance du gouvernement. Cela pour dire que la Constitution, qui n´est pas le Coran, ne peut être un système fermé et est en constante évolution en rapport avec le processus de développement de la population et de la nation Dès lors, ce qui était valable en 1962 et/ou en 1990, ne l´est plus forcément en 2011. Une loi fondamentale évolue et doit s´adapter au développement humain et aux transformations dans le cadre auquel elle s´applique. Une Constitution étant donc par définition une loi émanant du peuple et pour le peuple, amendée et adoptée par le peuple, elle ne sautait être la propriété ou sous tutelle, de parti, d´entité ou de catégorie sociale. S´en convaincre, c´est déjà l´ouverture politique, le bannissement du «gourou», le début du règlement consensuel des problèmes qui minent le pays.