Il fut un temps où l´on a pu penser que l´adhésion de l´Algérie à l´OMC pouvait stimuler la production nationale pour aller vers plus de performances et de qualité. Personne, à l´époque, ne doutait que la relance industrielle allait avoir lieu. Simple question de stratégie et de moyens financiers, pensait la majorité. Qu´en est-il aujourd´hui? De production dans le sens plein du terme, point! On importe toujours et de plus en plus nos biens d´équipement et de consommation. L´Algérie est restée ce vaste marché dominé par l´importation. Un vaste marché où la place des exportations hors hydrocarbures est si mince qu´on a honte à l´évoquer. Certes, il y a eu quelques investissements nationaux. Ils restent cependant très en deçà des prévisions. Quant aux IDE (investissements directs étrangers), n´en parlons pas. Ils ne se bousculent pas au guichet. En fait, les prévisions faites autour du développement de la production nationale ont buté sur deux grands écueils. A l´intérieur du pays, le marché informel ne veut pas lâcher prise. La contrefaçon sévit. La bureaucratie et la corruption aussi. A l´extérieur, les investissements dépendent de puissants lobbies pour qui la destination Algérie n´est pas programmée. On a cru un moment au classement de la Coface et aux discours creux du Medef. Le résultat est là. Prise en tenaille entre le marché noir et une économie mondiale sélective, l´Algérie a peu de chance de voir fleurir des usines avant longtemps. En attendant, on consomme. On ne fait que cela. Heureusement que nous avons les devises du pétrole pour faire face à cette consommation. Dans cette équation de l´importation sans exportation, il est évident que même l´accord avec l´Union européenne ne pouvait être profitable de quelque manière que ce soit à notre économie. La levée des barrières douanières ne peut profiter qu´à une production qui exporte. C´est pourquoi avons-nous entendu des voix s´élever pour dire que l´accord ne profite qu´aux entreprises européennes. Ce qui est vrai, mais n´est nullement de la faute de la partie européenne. C´est l´accord en lui-même qui était prématuré. Aller à l´OMC sans tirer les leçons de l´accord avec l´Union européenne est pour le moins irréfléchi. Pour des échanges avec des producteurs, il nous faut l´être d´abord. Pour que l´échange soit équitable. Sinon, c´est le casse-pipe qui nous attend. Il ne faudrait surtout pas en vouloir aux autres. A l´Union européenne ou à l´OMC. Pourquoi refuseraient-ils qu´on se livre à eux pieds et poings liés? Il ne faut s´en prendre qu´à nous-mêmes. Nous, qui avons la manie de toujours commencer les choses par le mauvais bout.