Cette annonce confirme que les portes de la concorde sont définitivement closes devant Hattab et ses hommes. Le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika a qualifié pour la première fois, avant-hier, à Vienne, en Autriche, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) dirigé par Hassan Hattab de «groupement affilié à l'organisation d'Al-Qaîda». Il a fait cette précision en abordant l'affaire des touristes européens pris en otage par le Gspc dans le Sud algérien. Cette sortie médiatique tranche avec le discours ambiant envers le GIA et le Gspc depuis l'expiration du délai de la loi sur la concorde civile, le 13 janvier 2000. Les observateurs n'auront pas manqué de relever le changement de ton du Président Bouteflika envers cette organisation islamiste armée. En effet, le chef du Gspc avait reçu la distinction de «Monsieur Hattab» par le Chef de l'Etat, et ce, pour les besoins de la promotion de sa politique de réconciliation nationale. Du coup, tout le monde s'interroge sur les raisons ayant amené le Chef de l'Etat à user de cette affirmation, quand bien même, la preuve de cette corrélation, entre le Gspc et la nébuleuse d'Al-Qaîda aurait été établie par l'armée, en décembre dernier, après l'identification d'un Yéménite, abattu en septembre 2002 dans l'Est du pays et qui s'est avéré être un émissaire de Oussama Ben Laden auprès de l'organisation de Hassan Hattab. Aujourd'hui, le jeu se resserre autour de la présidentielle de 2004. Le Chef de l'Etat, tout en réaffirmant sa politique de réconciliation nationale, ici et ailleurs, ne pose pas moins le problème de savoir, si sa prise de position concernant le Gspc n'a pas un rapport quelconque avec le souhait de gagner les faveurs des Américains, cham- pions autoproclamés de la lutte antiterroriste mondiale, avec pour cible privilégiée l'organisation Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden. Le Chef de l'Etat a rappelé à l'opinion publique internationale, que la prise de conscience concernant le caractère mondial de la menace terroriste «a été le résultat des attentats du 11 septembre 2001 qui avaient cruellement frappé les Etats-Unis d'Amérique». Mais, observera-t-il, «le terrorisme avait déjà exercé ses méfaits (...) en Algérie où il s'était traduit par le déchaînement d'une violence meurtrière rarement atteinte». Cette précision étant faite, M.Bouteflika profitera de l'opportunité pour louer les bienfaits de sa politique de concorde civile. Il avancera même que «tout laisse entrevoir l'élimination prochaine de cette violence aveugle sur l'ensemble de notre territoire national, car elle a déjà disparu dans les grandes agglomérations et dans une grande partie des campagnes». Avant-hier, le chef d'état-major de l'armée, Mohamed Lamari avait affirmé dans les colonnes du quotidien égyptien Al-Ahram que l'Armée nationale populaire a réduit le danger du terrorisme sur la stabilité des institutions du pays, à sa plus simple expression, mais que le terrorisme continue de constituer un danger pour les citoyens. Et que l'Algérie continue de souffrir de l'embargo sur les armes, devant servir à la lutte antiterroriste.