Les ministres des Affaires étrangères tentent de trouver une parade aux exactions israéliennes. Quelques jours après le sommet de Beyrouth, les chefs de la diplomatie arabes se retrouvent en réunion urgente à la demande des Palestiniens. Organisée par la Ligue arabe, cette assemblée extraordinaire, se veut une parade à la meurtrière escalade de l'offensive israélienne dans les territoires palestiniens occupés. Que peuvent proposer les Arabes au moment où les Israéliens intensifient leurs opérations contre les villes palestiniennes autonomes et interdisent tout contact avec l'assiégé du QG de Ramallah? De fait, après les envoyés de l'Union européenne, jeudi, l'émissaire américain Anthony Zinni a été empêché vendredi soir et hier matin de rencontrer le président palestinien. Mais, selon des responsables palestiniens, le contact avec Yasser Arafat a été perdu, hier. Dans l'immédiat aucun appel ou exigences ne semblent infléchir la position israélienne de maintenir le président palestinien sous blocus total. Donc réunis au Caire, les ministres arabes des Affaires étrangères vont étudier un certain nombre de propositions formulées par un comité d'experts arabes et devant, selon ce promoteur, mettre la «pression» sur Israël. Parmi ces propositions, figure celle demandant «l'engagement de tous les Etats arabes à rompre leurs relations avec Israël» Il s'agit surtout des Etats ayant des relations diplomatiques ou commerciales avec l'Etat hébreu. La réunion du Caire n'était toujours pas achevée, hier en fin de journée, mais on croit savoir que les Etats arabes renouvelleront leur demande au Conseil de sécurité de «déployer des forces de maintien de la paix et des observateurs internationaux» afin de «superviser le retrait des forces israéliennes et séparer les parties palestinienne et israélienne». Cette demande d'observateurs internationaux est devenue ces derniers mois une constante des Etats arabes. Cependant l'inquiétude sur le sort qui est fait au président Arafat subsiste, d'autant qu'il était injoignable hier. En filigrane demeurait à l'esprit la visite que doit effectuer au Proche-Orient, à partir de demain, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. La discussion tournait sur l'éventualité d'une rencontre du chef de la diplomatie américaine avec le président palestinien. Vendredi, la Maison-Blanche avait exclu une telle entrevue, du moins dans l'immédiat. Le général Powell a, lui aussi, affirmé n'avoir pas prévu de rencontre avec Arafat, laissant cependant la porte ouverte à cette éventualité. Aussi, les Palestiniens, qui avaient dans un premier temps demandé aux dirigeants arabes de boycotter Colin Powell, semblent être revenus sur cette position. En marge des travaux, à huis clos, des ministres arabes des Affaires étrangères, Nabil Chaâth, ministre palestinien de la Coopération internationale, avait déclaré que «tous les ministres ont affirmé qu'ils diront à Powell que le président Yasser Arafat est l'unique représentant du peuple palestinien» ajoutant: «Les ministres arabes ont affirmé qu'ils demanderont à Powell de rencontrer le président Arafat et n'évoqueront pas avec lui la question palestinienne, car les affaires des Palestiniens doivent être abordées avec leur unique représentant légitime Yasser Arafat.» Quelles que soient les décisions que la réunion urgente des chefs de la diplomatie arabes sera amenée à prendre, reste à savoir comment elles seront mises en oeuvre quand on sait qu'Israël ne croit qu'à la force et que par elle il compte amener les Palestiniens à la reddition. De fait, les Israéliens n'ont jamais été prêts à la paix avec les Arabes, comme le rappelait, jeudi encore, le président Abdelaziz Bouteflika à son hôte canadien le Premier ministre Jean Chrétien, relevant: «Au moment où les responsables arabes étaient réunis à Beyrouth pour entériner une offre de paix, Israël planifiait la guerre contre le peuple palestinien.» Le sort dépend, tout compte fait, de la fermeté arabe, que la diplomatie arabe doit bien refléter, mais aussi de la détermination de la communauté internationale à faire raison garder aux Israéliens.