La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, entame son premier grand voyage au Proche-Orient. Partie hier de Washington, Mme Rice sera aujourd'hui à Ramallah où elle rencontrera les dirigeants palestiniens, avant de se rendre à Tel-Aviv ou elle aura des entretiens avec les autorités israéliennes. Outre ces deux pays, la secrétaire d'Etat américaine séjournera également en Egypte, où elle prononcera un discours politique, a-t-elle annoncé, en Arabie Saoudite et en Jordanie. Cette première grande tournée moyen-orientale de Condoleezza Rice la mènera par ailleurs en Europe, plus exactement à Bruxelles où elle assistera le 22 juin à une réunion internationale sur l'Irak, parrainée par l'Union européenne et les Etats-Unis. Mme Rice sera enfin vers la fin juin à Londres pour une autre réunion dans la cadre du prochain sommet du G8 (6-8 juillet) qui se tiendra à Gleneagle, en Ecosse. Cette tournée au Proche-Orient intervient à moins de deux mois du prochain désengagement israélien de la bande de Gaza. Ce qui donnera l'occasion à la secrétaire d'Etat américaine de faire le point sur la question avec les autorités israéliennes et palestiniennes. Avant de quitter Washington, hier, Mme Rice a tenu une conférence de presse, jeudi, dans laquelle elle a indiqué qu'elle «(...) espère parler avec toutes ces nations des changements qui secouent la région et de leurs responsabilités pour promouvoir le changement au Proche-Orient», a dit Mme Rice. Le désengagement annoncé d'Israël, à partir de la mi-août, de la bande de Gaza, l'élection présidentielle égyptienne prévue en septembre prochain, constituent les axes essentiels de la tournée de Mme Rice, laquelle évoquera avec ses interlocuteurs moyen-orientaux, indique-t-elle, les «vertus» de la démocratie qui, souligne-t-elle «ne se construit pas en un jour». Pour ce qui concerne le retrait israélien de la bande de Gaza, il est patent que Mme Rice insistera auprès des autorités israéliennes sur la nécessité de mener à son terme son désengagement pour prévenir tout retour en arrière à tout le moins plausible de la part d'un Etat qui a habitué le monde à ses volte-faces, à n'en faire qu'à sa tête et ne tenant aucun compte des avis de la communauté internationale. De fait, depuis quelques jours, de nombreuses rencontres ont réuni des responsables de la sécurité israéliens, palestiniens et égyptiens dans la perspective du retrait israélien de Gaza. Ces rencontres devront connaître leur summum lors de la visite à Tel-Aviv le 19 juin du chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit qui aura des entretiens avec son homologue israélien, Sylvan Shalom, et particulièrement le sommet Abbas-Sharon prévu à El-Qods occupé, le 21 juin prochain, sommet qui a été confirmé par les deux parties palestinienne et israélienne. Aussi, la venue dans la région de la secrétaire d'Etat américaine devra contribuer à finaliser les conditions de retrait israélien et rendre ce dernier irréversible, sous la caution, notamment, des Etats-Unis. Mme Rice qui a annulé un précédent voyage en Egypte, prévu en mars dernier, du fait de l'arrestation d'un responsable de l'opposition égyptienne, sera au Caire lundi où elle aura des entretiens avec le président égyptien Mohamed Hosni Moubarak auquel, indique la chef de la diplomatie américaine, elle réitérera les vertus de la démocratie et de la libre expression. Mme Rice a en effet déclaré avant son départ de Washington, et évoquant le prochain scrutin présidentiel égyptien, qu'«il est important que le gouvernement égyptien sache qu'un grand nombre de gens vont regarder si les candidats ont ou non un accès à la presse contrôlée par le gouvernement». De fait, allant a contrario du refus égyptien de l'éventualité de scrutateurs internationaux, Mme Rice a souhaité «la présence d'observateurs internationaux pour suivre le processus électoral». Tout en indiquant que « la démocratie n'arrive pas en un jour », la secrétaire d'Etat a estimé en outre que les amendements de la Constitution en Egypte sont «un premier pas» mais ne suffisent pas. «Davantage doit être fait», souligne-t-elle. Elle rencontrera le président Moubarak à Charm el Cheikh, la station balnéaire sur la mer Rouge. Mme Rice terminera son périple proche-oriental par une visite en Arabie Saoudite et en Jordanie. Notons que la secrétaire d'Etat américaine s'est rendue récemment, le 15 mai dernier, en Irak pour son premier voyage dans la région depuis sa nomination, en janvier, en tant que secrétaire d'Etat en remplacement de l'ancien titulaire du poste, Colin Powell.