Le secrétaire d'Etat américain a eu des discussions avec les responsables israéliens et devait rencontrer Abou Mazen Colin Powell était, hier, au Proche-Orient où il devait procéder au lancement «officiel» de la «feuille de route», de même faire un tour d'horizon avec les responsables israéliens et palestiniens, dans la perspective de coordonner le nouveau processus de paix palestino-israélien. Cependant - dans une conférence de presse avec l'émissaire du président américain - ne s'encombrant pas de donner le change, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a averti: «Israël n'est pas en mesure de faire maintenant ou dans le futur, la moindre concession, ou compromis dès qu'il s'agit de la sécurité.» Le retrait de l'armée israélienne des territoires palestiniens, occupés depuis 1967, la reconnaissance des frontières d'un Etat palestinien cohabitant avec Israël, sont-ce là des concessions alors que c'est là le fondement du conflit israélo-palestinien? Aussi, plus que jamais, se pose la question, assez paradoxale il est vrai, de savoir de quelle marge de manoeuvre dispose réellement le secrétaire d'Etat américain face à l'intransigeance israélienne. La question n'est pas seulement académique, si l'on note qu'au moment où il ménage les Israéliens, trouvant même «très prometteuses et très utiles», les mesures qu'Israël envisage de prendre vis-à-vis des Palestiniens (de vagues promesses au plan humanitaire), Colin Powell réserve un autre ton à ces mêmes Palestiniens exigeant - alors même qu'il n'a pas encore rencontré le Premier ministre palestinien - de Mahmoud Abbas qu«'il mette effectivement fin aux activités des groupes armés», et selon lui, ne doit pas se «contenter de la convaincre d'observer un cessez-le-feu». M.Powell, au sortir d'une audience que lui a accordée le président israélien, Moshé Katsav, affirme aux journalistes: «Je pense que le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, comprend qu'il doit mettre fin au terrorisme (...) Je pense que nous aurons l'occasion de discuter de la manière dont nous pouvons l'aider, de la façon dont la communauté internationale peu lui fournir une assistance, afin qu'il soit en mesure de mettre un terme au terrorisme et à la violence.» Au moment où Colin Powell faisait ces déclarations ignorant la vraie violence israélienne, le terrorisme d'Etat israélien, jamais évoqué par les officiels américains, poursuivait la destruction systématique des habitations palestiniennes, comme cela a été le cas hier, dans la bande de Gaza ou trois maisons ont été rasées par l'armée israélienne. Israël semble avoir tous les droits au moment où l'on exige des Palestiniens, ce qui n'est pas demandé à Israël, car la violence c'est d'abord et encore l'occupation des territoires palestiniens. La feuille de route serait-elle seulement le moyen de réduire la violence sans apporter des solutions de fond au dossier proche-oriental? Notons que le secrétaire d'Etat américain devait rencontrer M. Abbas, hier, en fin d'après-midi.