L'EN a peut-être battu la Namibie. C'est maintenant que les choses sérieuses vont démarrer. Il est parfaitement admis que, dans les éliminatoires d'une compétition sportive, l'important n'est pas de participer mais de se qualifier. De ce point de vue, l'équipe nationale de football a rempli sa mission dans l'épreuve de qualification à la phase finale de la CAN 2004 puisqu'elle sera en Tunisie au mois de janvier prochain. On peut même dire qu'elle a réussi le tour de passe de se qualifier pour la treizième fois consécutive, prouesse certainement unique dans les annales de la compétition. On pourra, bien sûr, pérorer sur le fait qu'en 1994 elle n'était pas du groupe des équipes présentes en Tunisie mais cela était dû à une histoire de non-qualification de joueur (affaire Karouf) et non à un verdict sportif, le onze algérien ayant obtenu sa qualification sur le terrain. L'EN d'Algérie n'a donc pas raté l'occasion de mettre à profit la visite que lui rendait son homologue de Namibie, pour assurer son passage à la phase finale de la CAN 2004. Il convient, cependant, d'avouer qu'elle a été loin de satisfaire le nombreux public (près de 15.000 personnes) qui s'était déplacé au stade Tchaker de Blida. Le premier à reconnaître cet état de fait a été son entraîneur, Georges Leekens, lequel, à la fin de la rencontre, a affirmé qu'«il n'était pas nécessaire de tresser des lauriers à cette équipe alors que le public a été témoin de la difficulté qui fut la sienne de s'imposer à son adversaire namibien». Après une entame de match prometteuse, ponctuée d'un but de haute facture (un débordement sur le côté droit de Daoud Bouabdallah, suivi d'un centre tendu à mi-hauteur que Kraouche reprit, victorieusement de la tête) au bout de cinq minutes de jeu, l'équipe algérienne est tombée dans les rets d'un jeu sans âme propre aux formations au bout du rouleau de fin de saison. A l'occasion de son premier match officiel à la tête de l'EN, Georges Leekens a opté pour un 5-3-2 avec une défense axiale à trois, Zaoui évoluant devant la paire Zafour-Bouacida alors que, latéralement, il a fait confiance à un arrière-droit de métier, à savoir Fadel Brahami, le côté gauche étant occupé par le Blidéen Kamel Maouche, un poste inhabituel pour lui avec cependant la mission de prendre tout le couloir gauche et faire bénéficier les attaquants de ses centres. Force est d'admettre que ce compartiment n'a pas donné entière satisfaction en son centre où Bouacida et Zafour ont éprouvé des difficultés pour s'entendre, les deux se faisant surprendre par la rapidité des attaquants adverses auxquels il n'a pas manqué grand-chose pour arracher le but d'une égalisation qui n'aurait pas été contestée. Quant à Maouche, on ne l'a pas tellement vu au contraire de Brahami, véritable arrière contre-attaquant, de loin le meilleur algérien sur le terrain. La récupération dans l'entre- jeu a été confiée au trio Belkaïd- Kraouche- Belmadi, un trio évoluant avec des hauts et des bas où seul le second nommé a pu tirer son épingle du jeu. Le joueur de la JSK ne semble pas avoir récupéré du traumatisme psychique créé par le séisme du 21 mai alors que l'ex-joueur de l'OM a essayé de secouer le cocotier mais il abusé de gestes superflus. En outre, le manque de compétition a fini par l'user et il a dû céder sa place à Ghazi en fin de rencontre. C'est le constat que l'on peut faire de la production de Malek Cherrad à la pointe de l'attaque, le Niçois revenant à peine de vacances et n'ayant pu bénéficier d'un véritable soutien même si Daoud Bouabdallah, qui lui était associé, n'a pas cessé de bouger. Un comportement qui a satisfait Leekens, heureux de voir que le joueur oranais a apporté de la mobilité en attaque. Mais le Belge est, parfaitement, conscient que le plus dur reste à faire. Ceux qui misent sur une performance de notre EN en Tunisie devraient revoir leur copie. Il n'y a pas si longtemps, nous avions reçu le président de la FAF, M.Mohamed Raouraoua, au siège de L'Expression et il nous avait dit qu'il se contenterait volontiers d'une qualification au second tour de la CAN 2004. Le responsable fédéral sait que notre football accuse un retard considérable et qu'il serait mal venu de croire que l'équipe nationale peut réaliser des résultats probants ne se basant sur un vide sidéral. A l'issue du match de vendredi, s'il a montré sa satisfaction à la suite de la qualification, il nous a fait part de l'optimisme des supporters alors que tout est à refaire dans le secteur. «Vous avez vu comme moi comment les Camerounais ont battu les champions du monde brésiliens. Ils (les camerounais) ont trop d'avance sur nous. La FAF tente de remédier au problème notamment en lançant les premiers centres nationaux de formation à partir de la saison prochaine. C'est une oeuvre de longue haleine qui demande de la patience et du sérieux car la discipline était, pratiquement, sinistrée». Leekens a, assurément, du pain sur la planche tant il est vrai qu'il ne peut pas compter sur des joueurs de très grand talent. Disons plutôt des joueurs en phase avec un cycle de formation approprié puisqu'il est clair que ceux qui disputent le championnat national ont d'énormes insuffisances à combler, la récente finale de la coupe d'Algérie étant une bonne référence au vu des innombrables erreurs techniques que l'on y avait constaté. Il s'agissait, pourtant, des deux meilleures équipes algériennes de ces quatre dernières années. En outre, le temps qui nous sépare de la CAN 2004 est bien trop court pour monter une équipe compétitive. Leekens va s'y atteler, espérant un coup de pouce de la FIFA concernant les joueurs ayant joué avec une autre sélection. Il pense ici à Ouadah de l'AC Ajaccio et à Madouni du Borussia Dortmund, deux joueurs qui devraient apporter un plus à l'EN mais dont on ne sait pas s'ils seront, d'ici là, OK pour la Tunisie. Comme quoi Leekens sera obligé de faire avec ce qu'il a sous la main pour une épreuve qu'il conviendra d'aborder en sachant que si mauvais résultats il y a ce ne sera que la rançon de très longues années d'errance.
