Le premier argentier du pays attend du concret de la part du premier partenaire de l'Algérie. Invité d'un petit-déjeuner-séminaire au Sénat français organisé vendredi dernier à Paris par la revue Passages, notre ministre des Finances, M.Abdelatif Benachenhou, a brossé un tableau positif de l'économie nationale marquée selon, lui, par une nette croissance et une avancée des réformes économiques lancées par le Président Bouteflika. M.Benachenhou, qui était dans la capitale française pour la deuxième fois en moins d'un mois, a souligné que l'Algérie maintient le cap de ces réformes et de l'ouverture économique malgré les chocs extérieurs ou de la nature. Citant les effets du dernier tremblement de terre qui a touché le pays, la longue période de sécheresse, les conséquences négatives de la parité dollar-euro sur les échanges commerciaux et le pouvoir d'achat du pays, la volatilité du marché pétrolier et les dégâts occasionnés par le terrorisme sur l'effort de développement, le premier responsables des finances du pays a affirmé que ces vicissitudes n'ont pas détourné l'Algérie de sa volonté d'approfondir ces réformes et de s'insérer dans l'économie mondiale. Une option confirmée, d'après lui, par la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne et la prochaine adhésion à l'OMC. Chiffres à l'appui, le ministre des Finances a confirmé que l'économie nationale a renoué avec la croissance après la stagnation qu'elle a connue jusqu'en 1995, puisqu'il est prévu pour 2003-2004 une tendance en hausse avec des taux de croissance de 5,2 %. Relevant ce qu'il a appelé un regain d'intérêt des investisseurs étrangers de 26 pays pour le marché algérien eu égard à sa taille, à sa solvabilité et par le sérieux du processus de réformes, M.Benachenhou a souligné à plusieurs reprises que la sécurité financière sera renforcée par une plus grande supervision des établissements bancaires et financiers en assurant qu'il sera mis fin aux retards de paiement dus aux entreprises françaises (plus de 24 millions d'euros) qui étaient engagées dans El-Khalifa Bank. Mais au-delà des investissements occidentaux en Algérie toujours pas massifs en dépit des déclarations d'intention des responsables politico-économiques ou de quelques timides ouvertures de représentation commerciale ou de concessions, le ministre des Finances a estimé qu'il est attendu de l'UE et de la France «une meilleure connaissance des réalités» algériennes et plus de compréhension. Sollicitant une aide financière accrue de la part de ces partenaires étrangers, il a admis que le démantèlement tarifaire, qui sera mis en place à la faveur de l'accord d'association Algérie UE, va causer des pertes de recette au Trésor algérien tout comme les écarts de parité entre le dollar et l'euro qui causent actuellement pas moins de 14 % de pertes. Mais le lien dialectique entre l'économie algérienne et celle de l'Hexagone qui, soit dit en passant, n'est pas en bonne posture au vu de sa crise structurelle en ressources financières et de ses grèves endémiques qui n'en finissent pas, n'en reste pas moins un paramètre fondamental dans l'analyse de l'évolution de l'un ou de l'autre espace économique. D'ailleurs, M.Benachenhou n'a pas omis d'observer qu'à chaque fois que la croissance en Algérie augmente d'un point, les exportations françaises vers notre pays sont multipliées par deux. C'est à se demander qui vole au secours de qui, même si les raisons du dysfonctionnement de l'économie nationale sont à chercher ailleurs que dans la structure des échanges commerciaux du pays avec l'extérieur. Autrement dit, même ave ableau de bord positif sur le plan macro économique que celui dressé par M.Benachenhou qui arrive à séduire les partenaires étrangers sans pour autant les pousser à s'engager à fond en investissements, les paramètres de l'économie nationale restent peu convaincants sur la plan interne où des pans entiers de la populations restent sans travail et sans logement, postulat de toute véritable prospérité.