Les deux hommes représentent le courant modéré et fédérateur au sein du Mouvement. Il semble de plus en plus évident que l'on s'achemine vers une joute Megharia-Saïdi pour aboutir au choix du nouveau président du Mouvement de la société pour la paix (MSP). En tout état de cause, c'est bien ce qui ressort des dernières réunions du bureau national et des instances dirigeantes au sein du parti. Mohamed Megharia et Abderrahmane Saïdi représentent, chacun à leur manière, le courant modéré et fédérateur au sein du parti, et sont bien ces deux critères qui les ont placés en pole position, après qu'un semblant de consensus eut été dégagé. Mohamed Megharia, l'actuel intérimaire et remplaçant provisoire du parti, jouit de cette énorme estime dont l'avait investi le vénérable cheikh Nahnah avant sa mort. La modération politique et son sens aigu de l'organisation dont il use ont fait qu'il avait été pressenti, dès l'annonce de la mort du cheikh, pour prendre momentanément la direction du parti, et faire échec à toute velléité d'hégémonie et à toute lutte de leadership parmi les ténors du MSP. Pour Abderrahmane Saïdi, nous sommes en face d'un homme qui a bénéficié déjà du soutien total du BN - 18 sur 20 des membres l'ont plébiscité - et part avec beaucoup de chances de prendre les rênes de la direction du MSP. Donc, nous avons, d'un côté un Magharia qui jouit du soutien du tout-puissant madjlis echoura, vaste assemblée plus ou moins homogène qui regroupe les anciens du parti, et d'un autre un Saïdi qui a déjà arraché l'allégeance du bureau national. «Mais, attention, avertissent les membres de la direction du MSP, tout n'est pas joué, les autres responsables du parti ont le droit de présenter leur candidature et jouer leur jeu vis-à-vis du conseil consultatif». Le décodage de cette formule signifie que si les Ghoul, Menasra, Bouguerra Soltani et autres Abderazak Mokri estiment qu'ils possèdent de sérieuses chances et des atouts concrets, alors ils présenteront certainement leur candidature. On peut penser que ces quatre responsables, qui, au départ, représentaient le «carré d'as» gagnant, aient été implicitement désavoués pour leur hégémonisme, justement, et leur tendance qui ne cadre pas avec la représentation que s'était fait le cheikh du parti. Un Bouguerra Soltani, ténor du parti par excellence, représente l'aile radicale, et il lui est reproché d'avoir mal géré les intérêts du parti lorsqu'il était ministre. On peut aussi porter le même constat sur Menasra et Ghoul, mais de là à leur dénier un éventuel soutien au sein du conseil consultatif, il ya une marge. En tout cas, l'ombre de Nahnah va planer pendant trois jours sur les travaux des congressistes. Le cheikh de Blida était l'âme, l'esprit et le coeur du MSP, en plus des grandes affinités qu'il nouait avec les centres de décisions des lobbys militaro-politiques, et qui lui permettaient de donner au parti toute latitude et la force nécessaires. Lui trouver un remplaçant est un euphémisme, et même au cas où son remplaçant serait unanimement élu, il lui serait délicat de redresser la barre d'un parti qui a perdu son aura avec la mort de son fondateur. La présidentielle n'est pas une priorité, mais le MSP peut, en cas d'alliance avec un candidat - Bouteflika, certainement - influer sur le cours des événements.