«Le souhait de tous est que 5 ans après l'assassinat, le chef de l'Etat va veiller à ce que justice soit rendue.» «Je ne renoncerai jamais, et ce, jusqu'à ma mort, à l'exigence d'une enquête sur la mort de Lounès.» Ainsi s'exprimait Nna Aldjia, la mère de Matoub Lounès. C'était à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, à l'occasion de l'inauguration des activités de la Fondation Matoub Lounès, ce dimanche 22 juin. Réunis à la Maison de la culture, les comités locaux de la fondation ont eu à écouter les propos de la mère-courage: «...Pour l'heure, rien n'est venu nous assurer quant à une ouverture d'enquête. Les assassins, ajoute Nna Aldjia, sont connus. Ils ont même...pleuré la mort de Lounès!». Rappelons que le chantre de l'amazigihité a été assassiné le 25 juin 1998, sur la route menant à Beni Douala, au lieu dit Tala Bounane. Sa disparition a libéré les écluses de la colère. Durant plusieurs jours, la jeunesse de Kabylie a laissé éclater sa douleur, qui, ajoutée à une intense colère, s'était déversée dans les cités kabyles. Son enterrement fut plus que grandiose. La jeunesse kabyle, avait, ce jour-là, compris confusément qu'elle mettait en terre l'un des symboles de tamazight, et de l'amazighité. Depuis, la famille est en quête de justice, seul l'aboutissement d'une enquête véritable et la tenue d'un procès juste pourraient alors permettre à la Kabylie et à la famille ainsi qu'à tout le pays de commencer un véritable deuil. Rencontré en aparté, le secrétaire général de la Fondation Matoub-Lounès, M.Hakim Ikeni dira: «Aussi bien, la famille que la fondation, nous doutons tous, dès le départ des ‘‘explications'' données ici et là. Des gens se sont exprimés, ils ont rendu publiques des déclarations où on a relevé plusieurs ambiguïtés. On a accrédité la thèse du Gspc, mais par la suite, il y a eu des contradictions. L'accusé, un repenti, Abdelhakim Chenoui devint ainsi, sans aucune autre formalité, le seul assassin!». M.Hakim Ikeni farfouille un peu dans sa mémoire et ajoute: «Même le chef de l'Etat ne croit pas à la thèse du Gspc. Lors de sa campagne électorale, il avait publiquement promis de s'occuper personnellement du dossier Matoub. En somme, ce jour-là, le Président Bouteflika avait désavoué la thèse des 2 responsables du RCD. Eux, dès le départ, avaient désigné le Gspc!». Pour le secrétaire général de la fondation: «Le souhait de tous est que 5 ans après l'assassinat, le chef de l'Etat va veiller à ce que justice soit rendue. Nous l'interpellons à cette occasion!». Puis d'ajouter: «En cas d'issue bouclée, la fondation pourrait penser aux instancesinternationales.» Puis, le secrétaire général de la Fondation Matoub de revenir sur le procès en diffamation intenté contre Malika Matoub, la soeur de Lounès et la présidente de la fondation: «C'est le début d'une bataille qui s'annonce longue. Mais ce qui nous intéresse, c'est que les véritables assassins soient jugés et condamnés!». La Fondation Matoub Lounès qui compte 43 comités locaux au niveau des wilayas de Béjaïa, Bouira, Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Tizi Ouzou, Boumerdès et Alger, fonctionne difficilement sans aucune aide et avec à la clé des problèmes pour déjà payer les 7 permanents au niveau du siège à Taourirt Moussa. Malgré un programme d'activités commémoratives, assez riche est tracé par la fondation: les 22 et 23 juin à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. A Taourirt Moussa le 25 juin et après le dépôt d'une gerbe de fleurs à Tala Bounane, un recueillement et un meeting se tiendront. Nna Aldjia, quant à elle, se déplacera le 26 juin à Bordj Bou-Arréridj où elle inaugurera une fresque. Le 27 juin, une conférence-débat est prévue à Larbaâ Nath Irathen.Matoub, cinq années après son assassinat, reste toujours vivant dans les coeurs et les esprits. Rebelle il a vécu, rebelle il est mort ! Son assassinat reste à ce jour non élucidé !