Auteur de plusieurs publications traitant des questions politiques nationales et arabes, Mahmoudi Abdelkader a soutenu dans cet entretien que le Président tend sa main à toutes les forces politiques pour asseoir la démocratie. L´Expression: Quelle lecture faites-vous du discours du Président qui a exprimé sa volonté d´entamer des réformes politiques? Mahmoudi Abdelkader: Le discours porte sur le bilan. Le Président a cité le rétablissement de la paix et la stabilité mais aussi les réformes socio-économiques des deux précédents mandats. Le président de la République a lancé deux programmes quinquennaux alors que le troisième est en cours ayant conduit à la réalisation de plusieurs chantiers à tous les niveaux et sur tout le territoire (investissement, infrastructures de base, équipements socio-économiques et d´emploi) en plus du paiement des dettes et de la solidarité nationale. Les importants transferts sociaux et les aides pour subventionner les produits de première nécessité en sont une preuve. A chaque crise socio-économique l´Etat intervient. Il ne peut pas tout réussir certes, mais il y a eu beaucoup d´efforts. il y a également les réformes politiques dont la nature demeure ignorée. Il a confirmé ce qu´il avait annoncé après les événements de janvier dernier. Le Président passera à la construction des institutions en mesure d´accomplir leurs missions en associant toutes les forces vitales du pays. Comment compte-t-il procéder? L´Etat ne s´isole pas dans ce processus de réformes, mais il sera partie prenante. Le Président montre les lignes directrices du changement politique. Le processus démocratique tel que souhaité par le Président est celui conduisant à l´avènement d´une démocratie fonctionnelle. Il n´explique pas la manière avec laquelle il compte entamer ces réformes. Le Président défend un processus démocratique fonctionnel. Il veut construire un processus qui serait en mesure de véhiculer des idées émanant du multipartisme. Constat: la démocratie consiste donc en la rationalisation de la vie politique (l´idée et son contraire assurent une synthèse et une plus grande participation du citoyen-contrôleur). Cette synthèse est d´ailleurs, d´une nécessité vitale au niveau de la prise de décision politique. Il invite la classe politique et associative et civile à y prendre part. Indirectement, le Président a invité ceux qui ont appelé à des changements politiques, en l´occurrence Mehri et Aït Ahmed à prendre part dans le chantier des réformes. Ils partagent les mêmes objectifs, mais pas les mêmes chemins. le but est le même. Que signifiez-vous par démocratie fonctionnelle? La démocratie fonctionnelle insiste sur le rôle, la fonction qu´elle exerce dans la pratique. La démocratie est l´ensemble des interactions, centrées autour de paradigmes, visions et conceptions. Elle renferme les valeurs qui permettent au pays progrès, prospérité et épanouissement. Une démocratie synonyme d´idées, de débats féconds portant sur l´intérêt suprême du pays. Du discours, nous comprenons que le Président penche pour une démocratie fonctionnelle qui soit synonyme de multipartisme, de liberté de la pensée et de la liberté individuelle. En invitant la classe politique à faire ses propositions au Président, il ressort que ce dernier juge également que c´est au multipartisme de proposer des «recettes politiques». Quelle appréciation faites-vous de la réforme de plusieurs lois? Oeuvrer pour la réforme de la loi sur les partis politiques cela, est aussi un acte capital. C´est une politique qui peut permettre aux citoyens d´élire correctement leurs représentants. Jusqu´à ce jour, le citoyen est appelé uniquement à voter, mais en procédant à la réforme de la loi électorale, beaucoup de choses seront changées. Le citoyen aura enfin le droit d´élire son représentant. De telles réformes traduiront réellement la pratique démocratique pour sortir enfin, du vieux carcan de la démocratie de façade et des dysfonctionnements caractérisant notre mode de gouvernance ainsi que de l´incohérence dans le fonctionnement des institutions. Aujourd´hui, les perceptions que nous nous faisons du rôle de l´Etat dans son rapport à la démocratie ne sont pas clarifiées, et cela empêche, évidemment une dynamique démocratique. Comment évaluez-vous l´ouverture des médias telle que proposée par le Président? C´est déjà un pas, et puis il faut dire que le tout fonctionne par étapes pour ne pas retomber dans les précédentes erreurs. Car, l´ouverture des médias implique également la présence d´un environnement professionnel. Car, si l´on se réfère à la première ouverture démocratique que l´on a traversée, on peut tirer beaucoup de leçons. Le tout à la fois mène à l´anarchie et à l´échec de la gestion. Les processus démocratiques se construisent à long terme. D´abord, c´est une question de culture. Chaque société a sa propre culture et sa vision de la démocratie, Aït Ahmed l´a si bien dit: «Faire partie du mouvement de l´Histoire ne signifie pas copier mécaniquement ce qui se passe chez les voisins et notre histoire récente a montré les limites sanglantes des aventures que l´on engage la fleur au fusil et que l´on termine sur un champ de ruines».