Six soldats anglais été tués hier alors que les sabotages se multiplient. La coalition fait l'apprentissage de l'occupation. Les forces américano-britanniques découvrent chaque jour un peu plus les peines qu'induit l'occupation, faisant face à des attaques sanglantes contre les militaires d'une part, à des séries de sabotage d'oléoducs ou d'ouvrages d'art d'autre part. Décidément, le peuple irakien, dont les ex-dirigeants ont perdu leur guerre contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ne s'avoue pas vaincu, et fait savoir clairement aux occupants qu'ils ne sont pas les bienvenus. De fait, les soldats de la coalition se comportent plus en soudards qu'en libérateurs qu'ils prétendaient être. Ainsi, les perquisitions et les humiliations sont le lot quotidien des Irakiens qu'ils soient sous la férule britannique au sud, ou celle des Américains au nord. Ainsi, une véritable bataille rangée a opposé, hier, à Al Majar Al Kabira, dans le sud, la population locale à des soldats britanniques quand ces derniers, accompagnés de chiens, ont pénétré dans des maisons pour des fouilles musclées. Quatre Irakiens sont morts et 17 autres blessés lors de cette échauffourée. C'est dire que les choses sont loin de répondre à l'attente des coalisés qui attendaient des Irakiens, brimés et soumis à toutes sortes de vexation, qu'ils les accueillent comme des libérateurs. La recrudescence des attaques, et la résistance d'une manière générale des Irakiens à l'occupation, et singulièrement la mort, hier, de six soldats britanniques, ont amené le ministre britannique de la Défense, Geoff Hoon, à demander un «examen urgent» de la situation, déclarant à propos d'un possible renfort de troupes en Irak, «Bien sûr, cela dépend des résultats de cet examen (...) Nous avons un nombre significatif de militaires disponibles si nécessaire». Renforcer l'occupation par l'envoi d'autres unités militaires n'est en réalité qu'une fuite en avant, car d'ores et déjà la coalition n'a pas réussi à convaincre les Irakiens du bien-fondé de sa présence, se préparant à un enlisement qui en dit long sur l'impréparation de l'après guerre en Irak. Cela d'autant plus que les attentats contre des unités économiques stratégiques (oléoducs notamment..) se sont multipliés ces derniers jours. Hier encore, une explosion a endommagé un oléoduc à Barwanah, (250 km au nord-ouest de Bagdad), alimentant la centrale de Doura fournissant l'électricité à la capitale irakienne. Les coalisés imputent cette explosion à un acte de sabotage. De fait, depuis que l'administration occupante a décidé de reprendre les exportations de pétrole irakien vers le terminal de Ceyhan (Turquie), il ne se passe plus de jour sans qu'une attaque ne soit signalée le long du pipeline transportant le pétrole irakien. Se pose donc le problème de la sécurisation d'ouvrages dont la longueur est estimée à quelque 7000 km. Ce qui fait dire au commandant du corps de génie américain, Joseph Hanus, qu'«il est très difficile de garantir la protection de kilomètres de pipeline, très exposés». De fait, l'insécurité actuelle en Irak a été soulevée à New York, lors de la conférence préparatoire à la reconstruction de l'Irak. L'après- Saddam Hussein est de fait loin d'être une sinécure pour les forces d'occupation américano-britanniques. Les coalisés en font le constat chaque jour, les forces de la coalition faisant face à un harcèlement constant de la part de la résistance. De fait, la guerre en Irak ne ferait que commencer, et déjà les forces d'occupation s'enlisent dans la chasse à un ennemi qui se confond de plus en plus avec le peuple irakien.