l'actuel Chef du gouvernement veut se rapprocher de partis comme le RCD, l'ANR et même le MDS. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a réaffirmé hier sur les ondes de la Chaîne III que «l'intégrisme et son bras armé gagnaient du terrain». Nouvelle allusion faite à ce qu'il qualifie de «rapprochement dangereux entre Djaballah et son parti et les dirigeants de l'ex-FIS à quelques jours à peine de la libération de Abassi Madani et de Ali Benhadj». Il a, en cette occasion, déploré «L'ambiance malsaine» qui, à l'en croire, se développe autour de la perspective de la présidentielle. M.Ouyahia a relevé que «le camp nationaliste et démocratique, auquel nous considérons appartenir, s'éparpille autour de cette fièvre électoraliste». «Comme nous le voyons, a-t-il ajouté, l'ennemi commun, l'intégrisme et son bras armé le terrorisme, se mobilisent de manière très très déterminée». Ouyahia, ce disant, lance des piques à son frère ennemi le FLN, entré en campagne plus tôt que prévu. Mais il omet d'expliquer ce qui a poussé le parti de Benflis à accélérer la procédure d'un côté, ni comment sont traités ses ministres au sein du gouvernement qu'il préside et leurs multiples suppliques pour quitter cette équipe où ils ne sont plus du tout libres de leurs mouvements et tout le temps soupçonnés de vouloir instrumentaliser politiquement leurs postes ministériels alors que c'est plutôt l'inverse qui se produit. Ouyahia, en prenant de plus en plus ses distances avec le FLN et en développant un discours éradicateur et «républicain» opère un rapprochement discret de partis politiques comme le RCD, l'ANR le Ccdr et le MDS.Ouyahia, qui ne cache pas ses ambitions politiques, peut fort bien être le futur candidat consensuel du camp dit «démocrate républicain». Plusieurs rencontres, croit-on savoir, ont eu lieu en ce sens sans que ces partis trouvent chaussure à leur pied. Précisant sa position sur les élection présidentielle, le secrétaire général du RND et actuel Chef du gouvernement, a rappelé être «encore à huit mois de cette étape», et qu'il est donc trop tôt pour se prononcer. Mais a-t-il encore souligné, «nous faisons en sorte que la République que nous ont ramenée un million et demi de martyrs et que nous ont préservée 50.000 autres martyrs soit sauvée». Le message est on ne peut plus clair pour qui se souvient que la veille encore Ouyahia parlait de retour vers la phase anté-92...Abordant la situation en Kabylie, Ouyahia a souligné que «nous sommes heureux que les pouvoirs publics appellent au dialogue». C'est ce genre de phrase qui fait toute la force de ce personnage atypique. Lui-même, représentant les pouvoirs publics et auteur du fameux appel, il trouve le moyen d'en parler avec assez de détachement pour qu'on croie qu'il s'agit carrément de quelqu'un d'autre. Prié de répondre à une question sur la neutralité de l'administration à laquelle a appelé le secrétaire général du FLN, Ouyahia a affirmé que le RND est «pour le principe de la défense de la non-ingérence», avant de rappeler que son parti avait également fait l'objet de dépassements lors des dernières élections législatives et locales. «Pour autant, a-t-il dit, nous n'avons jamais été des partisans de procès à l'encontre de l'administration, car cela n'est pas constructif». En clair, le RND admet que le FLN est la cible de dépassements administratifs sans aller jusqu'à le soutenir, condamner ces actes d'un autre âge, et y remédier en tant que Chef du gouvernement. Des relents de vengeance transparaissent même dans les propos de Ouyahia qui, pour la seconde fois, met en avant les «dépassements» dont aurait été victime son propre parti au profit du FLN lors des deux derniers rendez-vous électoraux.