A deux jours de la sortie - très attendue - du général-major Lamari, à Cherchell, l'armée plaide pour une «cohabitation» avec la société civile. Au-delà des festivités qui ont marqué la sortie de la 30e promotion des élèves officiers de l'Ecole militaire polytechnique de Bordj El-Bahri (ex-Enita), ce qu'il faut retenir, c'est surtout sa volonté de «cohabiter» pacifiquement avec une société dont elle s'était tenue à l'écart pendant trop longtemps. 60% des personnes invitées étaient civiles (journalistes, «observateurs», familles, etc.), ce qui dénote, cet état d'esprit spécifique à l'armée depuis deux ans, c'est-à-dire depuis le jour où l'état-major de l'ANP a décidé une véritable ouverture sur les médias et vis-à-vis de la société en général. L'occasion a été, cette fois-ci, la sortie de promotion Ali-Khodja (tué en opération «commando» en 1956, justement à Bordj El-Bahri) c'est le général-major, Fodhil Brahim, commandant de la 1re Région militaire, flanqué du directeur de l'Ecole, le général Abdallah Belhadj qui a présidé aux cérémonies de remise des grades et à la supervision des sites encore en construction: salles de conférences, salles de cours et autres infrastructures en voie de finalisation. Le directeur de l'Ecole a beaucoup insisté sur les aspects très scientifiques des études dispensées aux élèves officiers. L'électronique, l'électrotechnique, la robotique, l'informatique et la chimie appliquée sont les principaux champs de recherche de cette jeune génération d'officiers. Les mémoires de fin d'études, toutes branches confondues, exposés dans la grande salle des expositions renseignent sur les nouvelles tendances, ostensiblement encouragées par l'état-major de l'armée. La relève, c'est surtout à la tête de l'armée qu'elle se profile. L'année dernière, le général de corps d'armée et patron de l'ANP, Mohamed Lamari, avait lancé un vague souhait de se retirer de l'armée. Depuis, on lorgne vraiment de tous les côtés pour percevoir un potentiel remplaçant au chef d'état-major. Hier, Fodhil-Chérif ne donnait pas cette impression. Cet officier, qui s'était fait un nom dans la lutte antiterroriste, passe pour être le tombeur de Zouabri, tué en plein centre de Boufarik, le 8 avril 2002. Paradoxalement, c'est à partir de cette date que Fodhil-Chérif Brahim (il tient beaucoup à ce «Brahim») l'un des plus proches officiers de Lamari, se fait remarquer par un effacement de plus en plus croissant. Ce n'est qu'à la faveur du tremblement de terre du 21 mai qu'il renoue avec les apparitions publiques, préférant, peut-être, attendre son heure. Dans ce décryptage délicat des stratégies de l'armée, l'intervention de Lamari, dans deux jours, éclaircira beaucoup de zones d'ombre, en même temps qu'elle donnera une grille de lecture plus concrète sur les «mouvements» à la tête de l'armée.