L 'Union européenne est en mesure de présenter une "candidature de très grande qualité" pour la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), selon la présidence française. L'ancien directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, en détention provisoire aux Etats-Unis pour agression sexuelle aggravée contre une femme de chambre dans un hôtel new yorkais, a annoncé jeudi sa démission de la tête de cette institution de Bretton Woods. "Le président de la République a pris acte de la démission devenue inéluctable de M. Dominique Strauss-Kahn de ses fonctions de directeur général du Fonds monétaire international", déclare le même jour, l'Elysée dans un communiqué. "Le président de la République apporte tout son soutien au Fonds monétaire international qui, sous l'autorité de son directeur général, a contribué, dans une conjoncture particulièrement difficile, à préserver la stabilité financière mondiale et la reprise de la croissance économique", poursuit le communiqué qui souligne que la présidence française souhaite que le prochain directeur général du FMI soit choisi par son conseil d'administration à la suite d'un "processus ouvert et transparent", précise l'Elysée. "L'Union européenne, dont les Etats membres sont ensemble le premier actionnaire du Fonds, est en mesure de présenter une candidature (..). L'Europe doit faire le choix de l'unité", conclut la présidence. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, ont été plus directs en plébiscitant pour le poste, la ministre française de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde. Son nom revient avec insistance malgré un possible menace la concernant, liée à l'affaire Tapie. "Ce serait à mes yeux une candidate idéale mais nous n'en sommes pas là", a dit Jean-Claude Juncker sur Europe 1. Silvio Berlusconi a parlé pour sa part d'une "excellente" candidate. Après l'annonce par le journal économique allemand Handelsblatt du soutien de la chancelière Angela Merkel à la Française, une source gouvernementale allemande a précisé que la question n'était pas tranchée. "La chancelière pense que Lagarde est une personnalité politique internationalement respectée avec laquelle le gouvernement allemand travaille bien", a dit cette source. "Mais aucune décision n'a été prise". Selon les observateurs, Christine Lagarde a, a priori, d'importants atouts pour prendre la direction générale du Fonds monétaire international, d'autant qu'elle est considérée comme l'une des actrices majeures des négociations impliquant le FMI dont la crise des dettes européennes et la réduction des déséquilibres économiques et financiers mondiaux. Mais deux problèmes pourraient lui barrer la route, selon des sources concordantes. Les accusations contre Dominique Strauss-Kahn d'abord, qui pourraient disqualifier une candidature française et l'enquête pour "abus d'autorité" demandée contre elle par le procureur général de la Cour de cassation dans l'affaire Tapie. L'attribution de 285 millions d'euros d'argent public à cet homme d'affaires et ancien ministre socialiste devenu proche de Nicolas Sarkozy en compensation d'un manque à gagner présumé sur la revente d'Adidas, autorisée par Christine Lagarde à la suite d'une procédure d'arbitrage, est contestée.