Les couloirs de l´APN et du Sénat n´en finissent pas de résonner des suites du scandale des «rectifications» opérées sur l´article 69 du code communal. En fait, le scandale semble maintenant avéré avec, d´une part, les protestations du président du Sénat, qui en référa au chef de l´Etat, d´autre part, avec le renvoi du directeur de la législation de la chambre basse. Pourquoi le directeur de la législation, un simple fonctionnaire, paie-t-il les pots cassés, quand la modification est le fait du président de la commission juridique de l´APN, un politique, représentant le parti majoritaire, le FLN? Un dérapage? Un excès de zèle d´un homme politique à l´évidence averti? Peu probable, comme est peu probable «l´erreur de frappe» par laquelle on a voulu maquiller une vraie manipulation, dont reste à déterminer l´objectif. D´ailleurs des députés n´ont pas manqué de dénoncer le «jeu trouble» du FLN. De quoi s´agit-il? Il est question du processus selon lequel s´effectue l´élection et/ou la désignation du maire. Toutefois, eu égard à la fonctionnarisation du poste de maire, on ne voit pas l´intérêt de focaliser sur un poste sans véritable enjeu politique. Cependant, l´enjeu aurait été énorme et aurait expliqué, s´il ne justifie pas, une telle tentative de modifier l´élection du maire si celui-ci avait eu effectivement des prérogatives politiques. Or, il n´en est rien, et plus que jamais le maire demeure un fonctionnaire, certes élu, mais ne disposant d´aucun pouvoir malgré sa charge de premier magistrat de la commune. La question qui se pose dès lors est de savoir pourquoi les hommes qui ont eu, jusqu´ici, à gérer le pays ne se sont jamais inquiété du déficit de pouvoir qui est celui des édiles nationaux? Lors des élections locales de 2007, plusieurs leaders politiques, notamment Ahmed Ouyahia, (RND), Saïd Sadi, (RCD), Karim Tabbou (FFS), Louisa Hanoune (PT), de même que Abdelaziz Belkhadem (FLN) ont introduit dans leur campagne le thème récurrent des prérogatives qui doivent être, selon eux, celles des responsables communaux, insistant sur le peu de pouvoir qui est celui dévolu aux assemblées communales et de wilaya et, certes, aux maires et responsables de ces entités institutionnelles que sont les communes et les wilayas. Si Mme Hanoune, MM Sadi, Tabbou et autre Touati sont dans leur rôle de déplorer la carence de pouvoir des magistrats communaux, peut-on en dire autant pour M.Ouyahya - qui, hier comme aujourd´hui, détenait et détient les rênes de l´Exécutif - et son alter ego M.Belkhadem? Alors on peut se demander pourquoi M.Ouyahia ne s´est-il pas avisé, à l´époque où il avait les rênes du gouvernement - c´est son Exécutif qui présenta récemment devant l´APN le nouveau Code communal - d´apporter une solution à ces insuffisances qui réduisent l´autorité du maire d´une part, bloquent les initiatives des APC et des APW d´autre part? C´est le cas aussi pour M.Belkhadem, qui porta plusieurs fois la casquette de chef du gouvernement, qui n´a pas pris à bras-le- corps ce problème pour lui trouver son juste aboutissement. Mais les préoccupations des deux hommes semblaient alors autres qui ont pris tout leur temps pour clore le chapitre des codes communal et de wilaya devenus, au fil des ans, une véritable arlésienne, toujours évoqués, jamais concrétisés. On peut supposer que MM.Ouyahia et Belkhadem, qui se sont succédé à la tête de l´Exécutif, doivent savoir d´où viennent les blocages. Il reste que ce problème demeurera entier tant que justement, un Ouyahia, un Belkhadem, une Louisa Hanoune ou un Sadi, en un mot des leaders de partis politiques, ne postulent pas eux-mêmes à la direction d´une ville d´Algérie. Il est vrai que les maires ne seront mieux considérés et n´auront du pouvoir et un rôle politique que lorsque des hommes politiques viendront avec un programme non seulement national, mais également régional et local et sollicitent le suffrage des citoyens. C´est à ce prix que le poste de maire aura du sens.