La lutte contre ce fléau est problématique en Alg Il y a des analogies troublantes. Au moins deux dans le cas de cette peste qui pointe son nez en Algérie. Tout d'abord son foyer de départ. Pas loin d'Oran, ville de l'Ouest qui a servi de trame au livre d'Albert Camus La peste. En outre, le village où s'est déclarée la maladie, porte le nom prédestiné de Kehaïlia (noire) comme était désignée la peste au XIVe et au XVIIIe siècle au cours desquels, elle fit 50 millions de morts. Des dix premiers cas recensés au tout début on compte, pour l'instant, un seul mort. La levée de la mise en quarantaine du village en question n'est pas pour rassurer l'opinion qui apprend que d'autres cas apparaissent. La lutte contre ce fléau est problématique en Algérie où la maladie est inconnue bien qu'un juron populaire la désigne sous le vocable de «taaoûne». Dans un entretien accordé à un quotidien notre ministre de la Santé fait remonter à 1946 les derniers cas connus en Algérie alors que précédemment à la télévision nationale il avait déclaré que la maladie ne figurait pas dans notre histoire. Il n'en reste pas moins que le module de la peste n'existe pas dans le cursus d'études de médecine. Il est difficile dans ce cas de demander au médecin algérien de suspecter une maladie dont il ignore tout. Surtout que les symptômes s'apparentent à ceux d'une banale grippe. Transmise par piqûre de puce infectée par le bacille de Yersin du nom du chercheur suisse qui le découvrit à Hong Kong en 1894, la peste est véhiculée principalement par les rongeurs tels que le rat. Des trois formes que compte la maladie, nous avons pour l'heure la plus courante. La peste bubonique dont il s'agit se manifeste par la formation de ganglions et a une période d'incubation qui varie de 1 à 10 jours. Il faut dire aussi que si la vaccin existe, celui-ci n'est pas accessible au grand public. Son administration en doses multiples avec des injections de rappel régulières et des effets secondaires importants le rendent compliqué. Quand bien même on pourrait croire que la peste est une maladie d'un autre âge ou liée au sous-développement, des foyers de peste subsistent un peu partout dans le monde y compris aux Etats-Unis. La peur de cette maladie qui est ancrée dans l'imaginaire collectif résulte du fait qu'elle a fait des ravages dont le dernier en Europe remonte en 1910 connu sous le nom de «la peste des chiffonniers de St Ouen». Quoi qu'il en soit, la dégradation de l'hygiène en général et en milieu urbain en particulier est à l'origine de la réémergence du bacille véhiculé par les rats. Les autorités essaient de maîtriser la propagation de la maladie mais en cas de mouvement de la population gagnée par la peur le risque d'une épidémie explosive est grand. Les walis ont été réunis hier autour du ministre de la Santé M.Aberkane pour débattre de toutes les mesures à prendre. On se demande pourtant pourquoi les moyens d'information ne sont pas encore mis à contribution pour sensibiliser les Algériens à une plus grande rigueur et au strict respect des règles d'hygiène. Il est urgent de commencer si l'on veut éviter la catastrophe. Nos responsables n'en sont qu'à nous affirmer que les cas déclarés sont pris en charge. A supposer que toutes les autres pistes d'investigation soient écartées, à quand la prévention? A quand la dératisation et l'arrêt des importations de la friperie?