La grève risque de connaître un épilogue en queue de poisson Conflit avec la direction et mésentente avec le syndicat Ugta. C'est suffisant pour bloquer le service dans plusieurs wilayas. Alors que le syndicat d´entreprise d´Algérie-Poste appelle à la reprise du travail en donnant la chance au dialogue engagé entre la Fédération (Fntptic) et le ministère, les grévistes persistent dans leur mouvement de grève. En effet, les grévistes d´Algérie Poste persistent dans leur mouvement de grève illimitée en dépit de l´appel à la reprise lancé par leur syndicat d´entreprise installé dernièrement à Oran, rejeté, pour rappel, par plusieurs conseils syndicaux de wilaya. Déclenché sans entité syndicale sur le plan organique, ni par un collectif de travailleurs déclaré, le mouvement de grève commence à être gagné par le pourrissement et risque de connaître un épilogue en queue de poisson. En effet, en se référant aux déclarations de M.Zerarga, directeur général d´Algérie Poste qui déclare son refus de négocier avec les initiateurs d´un mouvement de grève non organisé, sans chapelle syndicale et non reconnu organiquement, conformément aux lois régissant l´activité syndicale, c´est le chaos qui gagne un secteur aussi névralgique qu´indispensable pour une grande partie des citoyens algériens. Le syndicat de la Poste, objet de critique et de dénonciation de la base syndicale se déclare préoccupé par la situation qui prévaut dans l´entreprise et affirme avoir mandaté la Fédération en la personne de M.Choulak pour négocier avec le ministère. «Je tiens à démentir l´information portant invalidation du congrès d´installation du syndicat d´entreprise d´Algérie Poste. Nous avons été installés en bonne et due forme par l´organique de la Centrale syndicale et en présence de notre Fédération», nous déclare d´emblée M.Amokrane Ahmed, chargé de communication dudit syndicat avant d´ajouter: «En ce qui concerne la situation qui prévaut dans le secteur, les travailleurs grévistes doivent savoir que nous avons mandaté officiellement notre fédération, à sa tête M.Choulak pour porter les revendications à la tutelle directement, soit le ministère de la Poste et des Technologies de l´information et de la communication et nous avons convenu d´une date limite pour une réponse claire, le 24 juin prochain. Par voie de conséquence, quand on rentre en négociations on doit suspendre le mouvement de grève. A cet effet, nous appelons les travailleurs à reprendre le travail en attendant la fin des pourparlers et le résultat des négociations.» A notre question sur la raison de ne pas l´avoir pas fait par une déclaration, notre interlocuteur réplique: «Nous n´avons pas appelé à la grève en tant que syndicat d´entreprise pour appeler à la reprise par une déclaration. Le pourrissement pourrait gagner le mouvement de grève qui ne sera pas sans conséquence néfaste sur la société. Nous nous portons garants de la suite du mouvement en matière de prise en charge des revendications avec la Fédération», a-t-il dit. En somme, sur le terrain, la réalité est tout autre. Dans la capitale comme dans les autres wilayas, les grévistes poursuivent leur mouvement. Dans la capitale des Hammadites, les deux principaux bureaux de Poste de la wilaya de Béjaïa, Béjaïa-Liberté et la Recette principale en l´occurrence, sont paralysés contrairement au reste des bureaux de Poste de la wilaya où le suivi est mitigé. Le mouvement de grève se poursuit au chef-lieu de wilaya ainsi qu´à la rive Est et le Sahel de la wilaya, contrairement à la rive Ouest de la vallée de la Soummam où le mouvement ne semble pas encore déclenché. En somme, c´est aussi la guerre des chiffres entre les grévistes et la direction. Pour les grévistes, ils déclarent être 80% à avoir répondu au mot d´ordre de grève, ce que réfutent quelques travailleurs non-grévistes et la direction d´Algérie Poste qui n´a pas jugé utile de communiquer le chiffre officiel enregistré. Pour M.Merouani, coordinateur d´Algérie Poste de Béjaïa, que nous avons rencontré jeudi dernier dans son bureau en présence des grévistes, la situation n´est pas tout à fait claire. En effet, la situation est aussi confuse que complexe en l´absence d´interlocuteur du mouvement de grève. Face à cette situation, c´est M. Aouicha qui se déclare, une semaine après, être le porte-parole au nom du syndicat d´entreprise d´Algérie Poste, en sa qualité de membre du conseil dudit syndicat. «Nous sommes toujours en grève et nous continuerons notre mouvement de grève jusqu´à l´aboutissement de nos revendications. Seuls les travailleurs grévistes ont le droit de négocier et nous dénions tout droit à la Fédération de le faire à notre place», déclare-t-il. Par ailleurs, cette situation d´instabilité sur le plan organique a laissé les travailleurs sur le carreau sans la moindre réaction de la Centrale, c´est le bras de fer entre la centrale et sa propre fédération qui semble dépassée par les évènements, qui ne sont pas sans conséquence pour les nombreux usagers d´Algérie Poste qui ne savent plus à quel saint se vouer.