Les familles des victimes du terrorisme ont observé un sit-in avant-hier devant le Sénat Les Algériens sont en droit de savoir qui veut libérer ces terroristes condamnés en tant que tels par la justice algérienne. Entre les animateurs de la scène politique le ton n´est pas à la sérénité. Particulièrement entre le RND et le FLN, la polémique enfle au sujet des «négociations» qui seraient entamées avec des anciens du FIS dissous. Cette polémique semble enfler avec l´entame des consultations politiques dirigées par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. Y a-t-il une amnistie générale programmée à l´issue de ces consultations? Dès le premier jour, M. Bensalah a coupé court à toute spéculation en affirmant que les tenants de la violence sont exclus d´office. Mais la frilosité de certains à appréhender les choses à leur juste valeur a fait qu´à cette confusion, on ajoute une autre couche. Car, avant le début des consultations, une inquiétante information circulait: plus de 7000 terroristes seront libérés à la faveur d´une amnistie générale négociée par les anciens de l´ex-FIS avec une partie du pouvoir. L´ex-fondateur du FIS dissous, El Hachemi Sahnouni, et ses pairs veulent réinvestir la scène politique et profiter de cette confusion pour s´insinuer, poussant l´indécence jusqu´à exiger la libération des terroristes condamnés en tant que tels par la justice algérienne. De ce point de vue, la déclaration de Bensalah gagnerait à être explicitée. Sahnouni est-il ou non un tenant de la violence? Ce qui est sûr, c´est que l´information de la libération de ces terroristes a fait couler beaucoup d´encre. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a catégoriquement démenti toute information allant dans ce sens. Le chef de l´Exécutif a saisi l´opportunité d´une conférence de presse tenue après la clôture de la tripartite, soit le 29 mai dernier, pour riposter et dire que rien de tel ne se prépare ni ne se fera. Une déclaration qui a fait réagir El Hachemi Sahnouni qui affirmera, sans crainte, que des tractations ont été menées et que le projet est avalisé. Il révèlera dans les colonnes de la presse que des imams ont même été chargés de contacter dans les prisons les terroristes pour obtenir un engagement écrit concernant l´abandon définitif de l´action armée. La polémique, qui s´apparente à une véritable «corvée» intellectuelle pour les observateurs, a la peau dure. Et d´autres intervenants dans le domaine de la diversion s´y invitent. Quelques heures seulement, en effet, avant la sortie du Premier ministre, le président de la cellule d´assistance judiciaire pour l´application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Azzi Merouane, a fait au Forum du quotidien El Moudjahid une confidence. Il a confirmé aux journalistes avoir été contacté par Sahnouni dans la perspective de la libération d´une armée d´islamistes. Au milieu de ce brouhaha, surgit le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, qui a affirmé avant-hier, avoir rencontré Sahnouni. M. Belkhadem le dit sans complexe aucun: «Oui, j´ai rencontré Sahnouni», a-t-il lâché sans en mesurer les conséquences, lors d´une conférence de presse à l´issue de la réunion du comité central de son parti. Le contenu de leur rencontre? Belkhadem n´en sait rien. Il n´a pas entendu parler de cette histoire de la libération de 7000 terroristes. «Je n´ai pas à démentir ou à confirmer quelque chose que j´ignore», a-t-il dit. De quoi donc s´est-il entretenu avec l´ex-membre du FIS dissous? Il est vrai que le responsable du FLN a cette manière de surfer sur les sujets quand la question lui est posée. Cette manière de botter en touche et d´éluder la question a provoqué la surprise générale des représentants de la presse. Les familles des victimes du terrorisme, qui ont observé un sit-in avant-hier devant le Sénat, ne veulent pas entendre parler de cette perspective d´amnistie générale. A «la lumière» de tout ce qui est dit, l´on est en droit de se demander qui veut libérer ces terroristes, pour quels motifs et dans quels objectifs? Des interrogations qui resteront posées tant qu´il y aura opacité autour des questions sensibles.