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La créativité pour progresser
LE RENOUVEAU CULTUREL
Publié dans L'Expression le 09 - 06 - 2011

Le monde musulman a besoin de renouveau culturel, sur la base de la créativité, de l ́interprétation et de la recherche scientifique pour relever les défis de notre temps. Le savoir, allié à l ́amour de la patrie, est l ́arme décisive. Il s ́agit de se hisser à la hauteur de ce qui est requis par les questions de l ́heure, en vue de produire des valeurs et des richesses, selon le contexte et les finalités fixées.
La complexité des rapports de force dans le monde est telle que c ́est une question de survie. L ́ijtihad et l ́acte de raisonner sont au coeur de la pensée islamique. De ce fait, la réforme dans l ́Islam, l ́ijtihad et l ́intérêt général, maslaha, sont incontournables. La recherche scientifique demande une vision claire, de la volonté et des moyens.
Interpréter et raisonner
L ́importance de la créativité est vitale, encore plus aujourd ́hui. Les musulmans sont face aux défis du monde moderne, ce dernier étant de surcroit en crise. L ́importance de l ́exercice de la raison pour desserrer l ́étau et conjuguer la tradition et le progrès est évidente. Que peut apporter l ́Islam au monde aujourd ́hui? La réponse à cette question dépend de la recherche dont l ́Université en premier lieu à la responsabilité.
Par l ́acte de penser, de raisonner, en fonction de valeurs civilisationelles, il s ́agit de vivre son temps et d ́être au service de la patrie. Cerner le sens de la culture nationale, pour former un citoyen ouvert et responsable est une priorité. Assumer une éthique, une morale, un esprit communautaire, un sens de la dignité, de la fraternité, éthique sociale et économique, est la voie pour se réformer, surmonter la dureté de la vie, en oeuvrant dans l ́intérêt général.
Interpréter et raisonner c ́est contribuer au développement et assumer les transformations du monde. L ́être humain est requis d ́assumer ses responsabilités, de faire le bien pour la collectivité. La foi est insuffisante sans les actes de la raison; et réciproquement, sans confusion. Le Coran appelle à la réflexion, à la créativité, à la lecture interprétative individuelle et collective, en fonction de la marche du temps et de la pluralité des cultures.
La liberté de l ́homme et la prééminence de la vie humaine permettent d ́envisager des compréhensions et une exégèse adaptée à l ́évolution sociale. Les lectures fermées et idéologiques sont vouées à l ́échec. A travers l ́histoire des sociétés musulmanes, les interprétations et réflexions correspondaient aux attentes de leurs auteurs, à leurs valeurs culturelles et à leurs conditions historiques. Elles n ́ont pas donné un sens unique, même si une ligne consensuelle et classique dominait.
Les interprétations du Coran et les travaux scientifiques dans tous les domaines, à travers quinze siècles d ́histoire, reflètent les préoccupations concrètes des musulmans, même si celles des trois premiers siècles restent influentes. Le Coran, référence fondatrice, exige de raisonner, facilite la prise en compte de la variété des situations et appelle à discerner, à s ́adapter et évoluer, en somme, d ́exercer le privilège de la liberté humaine. Ses prescriptions responsabilisent et favorisent les progrès, les conditions du changement et des métamorphoses et soutiennent l ́humain pour assumer librement la maitrise des défis, pour chaque génération. Il faut donner la priorité à ce souffle qui place la raison au coeur du progrès.
La rupture entre raison et foi, l ́instrumentalisation de la religion ou sa réduction au juridisme, et les pratiques despotiques sont des dérives néfastes, qui ont précipité la décadence du monde musulman. Les islamophobes en profitent, alors qu ́il faut distinguer entre «l ́Islam» et des inauthentiques «musulmans». L ́écart entre théorie et pratique, entre références fondatrices et mises en oeuvre sont de la responsabilité des hommes qui perdent de vue que le Coran est intrinsèquement clair respectant la liberté humaine.
Les valeurs communes doivent être libérées des lectures idéologiques et fermées. Toute interprétation est le résultat d ́une relation entre le sujet libre qui interprète et le texte qui est interprété, en tenant compte du contexte socioculturel et historique. Il peut y avoir une signification unique; il peut y avoir pluralité et divergences. Cela ne change pas, ni n ́épuise le sens profond, en soi, du Coran, son unité et sa singularité vraie.
Les questions de notre temps
Même s ́il existe une multitude d ́interprétations et de significations qui doivent pouvoir faire débat, les critères qui permettent de vérifier si cela est vrai, sont au moins trois: tout d ́abord, de comprendre le texte tel qu ́il a pu être compris et vécu au moment de sa révélation par le Prophète. Deuxièment, par ses compagnons, et troisièmement par les savants qui se sont penchés sur la question.
Chacun doit lire le Coran comme s ́Il lui était révélé, revenir au temps présent et s ́interroger sur les enseignements qu ́il peut offrir au monde d ́aujourd ́hui. Les musulmans doivent réfléchir sur la nature de la relation qu ́ils entretiennent avec le présent. Car si le passé est le bienvenu pour éclairer le présent, il ne peut pas être le passage unique pour ce qui est de résoudre les questions de notre temps.
Dans l ́Islam contemporain, comme pour toutes les religions et doctrines, on observe la tentation de figer le passé. L ́essentiel de l ́interprétation du Coran est à la fois derrière nous, sur la base du Guide prophétique et sa Sunna, mais aussi toujours devant nous, car le Coran et le Prophète responsabilisent.
L ́interprétation est dans ce que les croyants en feront. Le défi de chaque génération consiste à découvrir son propre moment de révélation, sans se couper de l ́expérience des anciens. Les conditions de la renaissance sont aujourd ́hui évidentes: éduquer, responsabiliser, cultiver.
La plus grande des richesses est le citoyen éduqué, autonome et cultivé. C ́est à chacun d ́assumer la compréhension des enjeux de notre temps. Il s ́agit de tenir compte du contexte, des rapports entre les différentes dimensions de l ́existence et de l ́équilibre entre les droits et devoirs, pour retrouver de la civilisation. L ́incivisme, l ́inculture et l ́irresponsabilité sont les maux qui ruinent les possibilités de rester indépendants et de se développer.
L ́Algérie, terre ancestrale de la créativité
Depuis au moins trois siècles, les sociétés musulmanes troublées par la rupture entre foi et raison, paralysées par les problèmes internes de construction de l ́Etat de droit, et par la trajectoire hégémonique de l ́Occident qui se mondialise, ont des difficultés à se mettre en mouvement. Sur le plan culturel et spirituel, données de la différence et de la singularité, la compréhension du Coran est au centre des enjeux. Si on veut comprendre l ́horizon des musulmans, la révélation coranique et faire face à la guerre de civilisations qui est en cours, il faut comprendre la Parole de Dieu révélée dans le Coran qui se veut pédagogique pour s ́engager dans l ́économie du savoir, car la religion n ́est point une idéologie.
A travers l ́histoire culturelle nationale, l ́ijtihâd a été au coeur de la pensée islamique, notamment en Algérie, terre de la culture de la dignité. Le musulman peut retrouver l ́aptitude à l ́efficience, à humaniser et innover pour changer les rapports de force. Il est primordial d ́adapter la réflexion aux circonstances liées à la complexité de la vie moderne. Tout intellectuel devrait être un moujtahid, un rénovateur, un porte-parole savant des intérêts de son peuple; un éveilleur de consciences, pour la préservation des racines, des aspirations populaires et qui répond aux besoins culturels, en balisant la voie vers l ́avenir, par une vie responsable.
L ́Islam invite à la réflexion et représente une version civilisée de l ́humain incomparable qui a fait ses preuves. Reste à sortir des replis, des instrumentalisations et superficialités. L ́ijtihâd désigne la réflexion exigée par l ́Islam aux intellectuels compétents, afin qu ́ils participent au travail de rénovation et d ́invention de nouveaux concepts, de nouvelles pratiques. Une possibilité ouverte à toute évolution et adaptée aux intérêts des individus et des sociétés, se réalise sur la base du travail de la raison...
Le Maghreb en général, l ́Algérie en particulier, ont toujours, à travers les âges, favorisé et accueilli des savants qui ont jeté les bases de l ́Ijtihad, de la pensée de l ́émancipation et du juste milieu, rempart contre les risques de dépersonnalisation, le discours fanatique et les dominations. En ouvrant l ́horizon qui s ́appuie sur la raison et la foi, l ́Algérie a toujours été un carrefour de la sagesse et de la civilisation et une terre de résistance. Elle s ́est forgé une culture de la dignité, de la modération, de l ́équilibre, où la vie des citoyens articule authenticité et modernité, spécificité et universalité.
C ́est cela qu ́il faut retrouver. L ́Algérie est une des sociétés les plus proches du concept de juste milieu et de la culture de la dignité. C ́est, porté par l ́Islam, la raison et l ́interprétation juste de la légitime défense que l ́Emir Abdelkader, durant dix-sept ans et le peuple sous la bannière du FLN en Novembre 1954, durant huit ans, prirent les armes pour chasser l ́envahisseur. Durant le temps des épreuves, avec une foi inébranlable, le peuple édifia écoles, mosquées et zaouïas pour la diffusion des valeurs d ́identité et de dignité face aux tentatives d ́aliénation et de dépersonnalisation, tenant en échec le régime colonial.
En cette année 2011 l ́Algérie célèbre avec une fierté légitime «Tlemcen, capitale du monde islamique», la Mecque des ouléma des quatre coins du monde. Tlemcen a illuminé le monde musulman et la Méditerranée par son sens élevé de la civilisation, fondé sur le tajdid et l ́ijtihad, le renouveau et l ́interprétation. Avec Grenade et d ́autres capitales islamiques du temps de l ́âge d ́or, elle représente le raffinement de la culture authentique. La figure emblématique de cette citadelle de la culture et de la spiritualité, le saint patron de Tlemcen, Sidi Abu Madyane est le maître spirituel du plus haut degré. Il était aussi un savant dans de nombreuses disciplines.
Il concentrait la plupart des chaînes initiatiques et savantes issues de l ́Ecole de Baghdad. Cheikh el Akbar Ibn Arabi, à juste titre, a appelé Abou Madyane: «le cheikh des chouyoukh», Le Maître des maîtres. Son sens de la réflexion est resté inégalé. Abou Madyane enseigna aussi à Béjaïa, peuplée de savants arabo-berbères et andalous, autre centre de rayonnement du soufisme et des savoirs scientifiques autour de la Méditerranée. L ́Algérie, de Abou Madyane à l ́Emir Abdelkader et d ́Ibn Khaldoun à nos jours, possède des trésors de la pensée civilisée, qu ́il faut redécouvrir, notamment en étudiant les travaux scientifiques et culturels, classiques et modernes, élaborés par nombre de ses savants.
L ́Algérie a été une Terre de la créativité, de l ́ijtihad et du savoir. Cette riche histoire culturelle doit être revisitée, pour être à la hauteur des défis de notre temps, par la créativité se projeter dans l ́avenir, sans perdre notre âme.


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