L ́Algérie tergiverse, l ́OMC s ́impatiente. Mais, est-il judicieux de s ́engager dans cette aventure en ce moment alors que la base industrielle du pays se désagrège, que la rente pétrolière tient lieu de programme économique? Une rente qui paralyse toute réflexion et initiative pour sortir du marasme et de l ́immobilisme. Dans un monde qui bouge, alors que l ́hypertechnologie, cette fée des temps modernes, transforme les choses, que, d ́une manière générale, les peuples changent, veulent plus, exigent plus, que font les Algériens, que fait l ́Algérie pour être en phase avec les mutations qui touchent nos voisins régionaux et continentaux? Le monde vit et souffre, les Algériens souffrent, mais vivent-ils? C ́est là le fond du problème en cet an de grâce 2011. Or, presque deux décennies et demie après l ́ouverture des tractations, l ́Algérie négocie toujours son adhésion à l ́OMC (Organisation mondiale du commerce) sans véritable avancée, ni plan sur le long terme. De fait, l ́Organisation mondiale du commerce s ́agace et ne se prive pas de le faire savoir. Dans l ́optique de rejoindre l ́OMC, l ́Algérie entama une série de réformes afin d ́instaurer la démocratie et les libertés, phase marquée en particulier par la libéralisation économique. C ́est du moins l ́impression qui, alors, prévalait. Mais, il y a un hic! Les réformes entreprises, il faut bien le relever, outre de sêtre accomplies en dents de scie, et de n ́avoir pas atteint les objectifs qu ́on leur a assignés (en témoignent les difficultés du gouvernement à privatiser les sociétés algériennes) ont surtout déstructuré le tissu industriel national, avec les retombées négatives que cela avait induit sur le développement du pays. Cela a également, surtout, ouvert la voie au fléau de la corruption et à un marché informel qui sapa les fondements de la production nationale. Cette situation dommageable pour l ́économie nationale, a été rendue possible, outre par les ambiguïtés entourant les privatisations - dont les règles d ́accompagnement sont demeurées à ce jour peu claires - que par le laisser faire qui a remplacé le tout-Etat. Par ailleurs, les conditions drastiques posées par l ́OMC, risquent de bouleverser le paysage commercial et économique national. Aussi, la seule question qui mérite d ́être posée est celle-ci: avons-nous jamais été prêts à ce bond qualitatif alors que nous ne maîtrisons pas les règles de l ́économie de marché - dans laquelle notre pays est entré à la hussarde avec une libéralisation sauvage sans règle ni garde-fous - après des années d ́économie planifiée et de monopole de l ́Etat? L ́Etat, qui a exercé un contrôle tatillon sur les choses, a opté pour une dérégulation débridée, qui voit n ́importe qui devenir importateur de n ́importe quoi. Cela sans vérification de la conformité, de ce qui entre au pays, avec la «norme nationale» dans le but de préserver la santé de la population. Or, une adhésion de l ́Algérie à l ́OMC, risque de voir cette dérive s ́accentuer, avec la dérégulation douanière -une des conditions posées par l ́OMC- et l ́ouverture sans expertise du marché national. Un marché déjà dominé par les barons du commerce informel qui se sont construit des fortunes colossales à l ́ombre d ́une permissivité douteuse et de l ́absence de lois, sinon de leur inapplicabilité aux règles régissant le commerce international. Dès lors, quelle sera la place de l ́Algérie dans cette véritable jungle, plutôt, que va faire l ́Algérie dans cette jungle du commerce international, où les intérêts nationaux priment, alors que notre pays n ́a ni l ́expérience nécessaire, ni les textes de lois propres à défendre la production nationale laquelle sera vite étouffée par les multinationales qui disposent de moyens matériels logistiques et financiers face auxquels les producteurs nationaux sont et seront désarmés. Aussi, rejoindre l ́OMC dans ces conditions est à tout le moins suicidaire.