Des gens recherchés comme Dhina et Kébir font partie des signataires, confirmant que le bras de fer avec le pouvoir ne fait que commencer. Abdelkader Boukhamkham, Ali Djeddi, Kamel Guemmazi, Omar Abdelkader, Rabah Kébir et Mourad Dhina ont rendu public hier un communiqué commun à l'occasion, disent-ils, de la célébration de la fête de l'Indépendance nationale et de la libération des deux anciens leaders de l'ex-FIS, Abassi Madani et Ali Benhadj. Les signataires lancent une sorte d'appel, momentané il faut le dire, à l'apaisement aux deux anciens leaders de l'ex-FIS. «Nous vous demandons de ne faire aucune déclaration pour le moment, le temps de s'imprégner des réalités composant la situation actuelle en prenant contact avec les gens de savoir et de sagesse.» Conscients de l'importance des interdits qui frappent ces deux personnes, les signataires de la lettre, tout en soulignant la gravité de la crise que vit le pays, mettent en exergue «les risques de dérapage pouvant découler, pour le moment, de toute déclaration publique ou politique faite soit par Abassi soit par Benhadj». Les anciens dirigeants de l'ex-FIS, qui jouent, momentanément la carte de l'apaisement, demandent à leurs deux cheikhs d'abandonner certains de leurs «droits, rien que pour confondre les auteurs des communiqués comportant les privations de leurs droits civiques, civils et politiques». Ce «sacrifice» se fera le temps qu'un appel soit lancé «à l'opinion nationale et internationale sur l'illégalité de pareils interdits contredisant la Constitution, la loi et les droits de l'Homme». Par-delà le contenu même de la missive, ce sont les signataires qui donnent lieu aux meilleurs commentaires. Les quatre premiers noms ne sont tenus par aucune restriction et peuvent donc s'exprimer librement. L'un d'eux, rencontré à trois ou quatre reprises, nous avait même annoncé que le «retour du FIS est un droit que nous revendiquerons en temps opportun». Mais le fait que ces quatre hommes, qui ont toujours opté pour la voie de la légalité, même au plus fort du terrorisme islamiste, aient choisi de s'associer à des hommes recherchés en Algérie et condamnés par contumace confirme le fait que ce qui reste de la direction de l'ex-FIS s'est assez renforcé par la libération de ses deux anciens leaders pour entamer un nouveau bras de fer avec le pouvoir à quelques mois à peine de la présidentielle d'avril 2004. Ce n'est pas tout. Depuis le congrès tenu quelque part en Suisse par Mourad Dhina et la dissolution de facto du comité central de ce parti, dirigé par Rabah Kébir, on a beaucoup parlé de l'éclatement d'un grand conflit entre la direction de Suisse et celle d'Allemagne, entre les djazaâristes et les salafistes, entre les légalistes et les partisans de la poursuite des crimes qu'ils s'évertuent encore à qualifier de «djihad». Kébir et Dhina, même s'ils étaient «en froid» à la suite du congrès de l'année dernière, semblent être revenus tous deux à de meilleurs sentiments sans doute depuis la libération de Abassi et Benhadj et les préparatifs et actions menés en direction du retour, sous une forme ou une autre, de l'ex-FIS sur la scène politique nationale. Les choses sérieuses ne font que commencer...