Ils ont, été de tout temps, objet de toutes les convoitises. La question des fonds spéciaux détenus par certains ministères et dont l'utilisation n'obéirait à aucune règle écrite, refait surface à l'Assemblée populaire nationale (APN), à la faveur de l'accélération des événements en rapport avec la présidentielle de 2004. En effet, les députés de la Nation s'intéressent depuis peu à la question des fonds spéciaux des ministères, apprend-on de sources parlementaires. Ces fonds spéciaux qui seraient au nombre de 13, répartis sur plusieurs ministères de souveraineté, feraient ainsi l'objet d'un regain d'intérêt de la part des élus du peuple et ce à l'approche de élection présidentielle. D'ailleurs, la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) a déjà planché sur cette question qui est restée tabou pendant des années, à la demande de certains députés. La même instance de l'Assemblée a sollicité le ministre des Finances, M.Abdelatif Benachenhou, juste avant la clôture de la session de printemps; auquel elle a demandé des explications sur la gestion desdits fonds ainsi que sur d'autres questions, telle la collecte des recettes pétrolières. Des questions qui se rapportent toutes à la problématique de la rationalisation de la gestion de l'argent du contribuable. Selon une source parlementaire, le but de cette action, qui s'inscrit dans les prérogatives constitutionnelles des élus de la Nation, est de chercher des éclaircissements sur ces opérations financières. Un autre député, interrogé il y a quelques jours sur cette question, a fait clairement allusion à l'éventualité de l'ouverture d'une enquête parlementaire sur la gestion de ce qu'il est admis d'appeler les «caisses noires» de l'Administration. Un élu à l'APN, qui a tenu de prime abord à mettre en avant sa neutralité dans ce débat, a tenu à relativiser cette information en expliquant que «ce qui est communément appelé fonds spéciaux, n'est en fait qu'une pratique classique qui consiste à transférer des fonds d'un chapitre à un autre, pour équilibrer les dépenses». Pour notre interlocuteur, «il n'existe de fonds spéciaux que dans la tête de ceux qui ont intérêt à orienter le débat politique pour réaliser des objectifs inavoués». En tout état de cause, la commission des finances de l'APN a déjà établi un rapport préliminaire sur cette affaire dans lequel elle a consigné toutes les informations recueillies à ce jour. Un rapport qui n'est pas encore rendu public. Cependant, on croit savoir que la commission qui est présidée par des élus du FLN avait l'ambition d'interpeller le gouvernement sur la question. Une entreprise qui aurait été retardée par l'exécutif aux fins de trouver la parade, indique-t-on toujours, de sources parlementaires. En outre, le débat de cette affaire a coïncidé avec les propos que nous a tenus récemment une source partisane au sujet de l'usage qui serait fait de l'argent de ces fameuses caisses noires, lors de la présidentielle de 2004. Une coïncidence troublante, selon certains observateurs, qui estiment qu'«il n'y a pas de fumée sans feu». Ces sources avancent que la question de ces fonds spéciaux a été de tout temps, objet de toutes les convoitises. Et d'ajouter que pour certains portefeuilles, «des pressentis exigent deux, voire trois fonds spéciaux pour accepter l'offre». A la lumière de ces déclarations, les fonds spéciaux ont toujours existé dans les moeurs du pouvoir. Jusque-là, il n'y a pas de quoi pavoiser si ce n'est que sous d'autres cieux, leur gestion est soumise à des règles de transparence, notamment par l'organe législatif et les coquettes sommes d'argent qui y sont souvent allouées, seront reversés au Trésor public par le responsable du département concerné à chaque fin d'exercice. Ce qui n'a jamais été le cas en Algérie. Enfin, tout porte à croire que cette affaire est l'esquisse d'une grosse polémique qui devrait déboucher sur de fracassantes révélations dès la rentrée sociale et surtout à l'ouverture de la session d'automne.