Les officiels étaient nombreux à rallier Maâtkas et le cimetière d'Aït-Ahmed. Dans le cimetière du village Aït-Ahmed, à un jet de pierres d'Aït-Zaïm, l'autre gros village de Maâtkas, en contrebas du chef lieu de daïra, Souk El-Khemis des Maâtkas, repose du sommeil du juste Rabah Radjah, le député FLN, assassiné par la haine et l'intolérance à la veille de la fête de l'indépendance. Rabah Radjah est parti, l'amour du pays figé au coeur. Militant depuis son jeune âge au sein du FLN, Rabah n'a jamais détourné son amour pour le parti de M.Benflis, malgré que l'environnement, soit au village, soit ailleurs en Kabylie, ne porte guère l'ex-parti unique en son coeur. Fidèle parmi les fidèles il avait été appelé à maintes reprises à assumer des mandats électifs. D'abord vice-président de l'APC de Maâtkas, du temps du parti unique, il fut ensuite député, puis après 1988, a préféré continuer son militantisme dans la discrétion. Chef de kasma, il a su porter haut ses convictions. Il a retrouvé en 2002, les travées du FLN. Radjah a eu des mots et subi aussi quelques maux, notamment, lors du boycott des législatives. A 54 ans, ce père de 8 enfants ayant au coeur le pays et son parti est tombé, victime de la barbarie, alors qu'il rentrait chez lui, le défunt préférant emprunter cet axe routier, le CW128 et non pas le CW 147, afin d'éviter «les quolibets» des gamins qui lui...reprochaient sa candidature. Hier, lors de son enterrement, ils furent des milliers de personnes à rendre l'ultime hommage au fils de la région. Venus de partout, notamment des villages alentour, la population de Maâtkas a ainsi tenu à marquer son refus de la terreur. Rabah pensait, peut-être différemment, mais doit-on assister à son assassinat, les bras croisés! Les officiels étaient également nombreux à rallier Maâtkas et le cimetière d'Aït-Ahmed. La région n'a jamais vu autant de véhicules. MM.Benflis, le secrétaire général du FLN et Karim Younès, président de l'APN, plus de 20 députés, toutes tendances confondues, plusieurs présidents d'APC et élus municipaux, le président d'APW et des membres de l'APW, ainsi que le wali, le chef de daïra, bref tout de que comptait la wilaya en ces personnalités, ont tenu à rendre ce dernier hommage au défunt. Avant la prière des morts, sur la placette de la mosquée, M.Ali Benflis a lu une oraison funèbre où il fait l'éloge des qualités personnelles du défunt et ses qualités de militant. S'adressant à Rabah Radjah, M.Benflis devait s'écrier: «Ta mort est une perte pour l'Algérie, la Kabylie et le FLN. Nous faisons ici, le serment de continuer ton oeuvre, celle de la construction d'une Algérie qui combat le terrorisme abject. Tu as toujours défendu les valeurs de la citoyenneté et de la démocratie». Puis, M.Benflis d'achever son oraison en dénonçant haut et fort «cet acte barbare.» Et de s'écrier: «Assez de sang, assez de larmes et de souffrances». Dans la foule, on pouvait également apercevoir quatre ministres, Mme Khalida Toumi, Abdelmadjid Attar, Abdelhamid Abed de la Formation professionnelle et Tayeb Louh. Maâtkas, Tizi Ouzou et l'Algérie ont mis en terre dans la douleur et la colère: Rabah, un Algérien qui n'a eu que le tort de défendre ses idées et portant son pays. Repose en paix! Radjah, l'Algérie te pleure.