Le Palais des nations ne chôme pas ces jours-ci. Après les représentants de la société civile, c´était, hier, au tour des premières Assises nationales de l´urbanisme qui ont réuni quelque 1 200 participants. Ils ont deux principaux axes de travail. Evaluer la situation de l´urbanisme, qui, faut-il le préciser, n´est pas très reluisante dans notre pays et proposer ensuite des solutions pour mieux faire. Parmi les grands points noirs, cités d´ailleurs, par le ministre lui-même, il y a cette sacrée expertise qui nous manque dans divers domaines. «Parmi nos faiblesses figure le manque d´urbanistes et de bureaux d´études spécialisés en urbanisme», a précisé Noureddine Moussa, le ministre de l´Habitat et de l´Urbanisme dans son discours d´ouverture. A partir de là, tout le reste s´explique. La tâche est immense. En finir avec «la distribution aléatoire des terrains et les constructions anarchiques» comme ne l´a pas caché M. Moussa. Pour ce faire, dit-il, «il faut incruster la culture du respect des règles de l´urbanisme». Comment? Il y a lieu de relever l´annonce de plusieurs créations d´institutions et les moyens qu´elles offriront. D´abord (à la bonne heure!), il est prévu la création d´une école nationale de l´habitat et de l´urbanisme. Ensuite, il y a cette agence nationale de l´urbanisme qui devra voir le jour et «fournir» les urbanistes qui nous manquent. C´est le cas aussi, d´une inspection nationale chargée du contrôle de l´urbanisme et qui disposera d´antennes régionales. C´est le cas également, de la police urbaine dont l´effectif sera renforcé. Et puis, surtout, il faudra responsabiliser les intervenants à tous les échelons. Commune et wilaya. Le plus petit de nos villages doit bénéficier de toutes les règles de l´urbanisme. D´ailleurs et fort à propos, le ministre de l´Habitat a, dans son allocution, reconnu que «nous avons jusque-là construit de nombreuses cités mais pas une seule ville». Maintenant que le mal est cerné et l´esquisse des solutions faites, il s´agit de redresser les travers qui ont largement profité du vide. Dans le «panier» des constructions illicites, il y a à boire et à manger. Noureddine Moussa reconnaît que «la question est très compliquée et exige un travail très pointu». On ne le lui fait pas dire. D´ailleurs, il est plus juste de parler plus de constructions anarchiques que d´illicites. La différence est fondamentale. Quand on construit sur un terrain agricole, ce n´est pas illicite. C´est anarchique. Même plus que cela. L´illicite n´est qu´une construction à qui il manque un document. Comme le permis de construire par exemple. En rappelant la loi de 2008 qui permet aux citoyens qui ont construit «dans l´illégalité de rentrer dans la légalité» le ministre cite l´introduction de quelque 70.000 demandes de régularisation (on peut affirmer sans se tromper qu´il en manque encore beaucoup) dont «30.000 ont déjà été réglées», a-t-il précisé. C´est le grand ménage qui commence. Le plus gros de la tâche reste cependant, à venir. Il est attendu de «la charte pour l´amélioration de l´urbanisme» qui sortira des assises, toute la consistance nécessaire pour mener à bien cet immense chantier. A la fin des assises, il faudra se retrousser les manches car il ne sera pas facile de secouer ce secteur. De la mafia du ciment aux promoteurs indélicats en passant par des commissions d´attribution «passoires» et une grave pénurie d´urbanistes (la liste est encore longue). L´espoir de normalisation d´un secteur «métastasé» est lourd, très lourd à porter. C´est pourtant, le défi que se lance Noureddine Moussa. Un défi qui mérite d´être suivi par tous!