«L'Algérie n'a pas de Code de l'urbanisme jusqu'à présent» Si ce n'est encore pas trop tard, ces recommandations promettent de belles villes et palais pour un avenir où l'urbanisme échappera à la déconfiture dont il fait l'objet aujourd'hui. Les premières Assises nationales de l´urbanisme, se sont achevées hier par des recommandations «d´une extrême importance». Les cadres et experts de l´urbanisme, architectes et sociologues, qui ont participé aux quatre ateliers de ces assises nationales ont élaboré une feuille de route devant conduire à la réussite d´un «projet urbain» national intégré. «Ces recommandations constituent une feuille de route complète pour enclencher un processus de changement positif de nos espaces urbains et ruraux», a indiqué le ministre de l´Habitat et de l´Urbanisme, Noureddine Moussa, lors de la plénière de clôture. Dans ce cadre, les participants aux travaux des quatre ateliers thématiques ont, entre autres, proposé de rompre avec le modèle urbanistique pratiqué jusque-là en Algérie pour s´engager dans un «projet urbain intégré» avec l´élaboration de projets urbains pilotes et améliorer la maîtrise d´ouvrage et l´aménagement du territoire. Une panoplie de recommandations a jailli de cette rencontre, tant tout est à faire, pour ne pas dire à refaire. Ainsi, de l´atelier sur l´adaptation de la réglementation de l´urbanisme, est lancé l´appel mettant en exergue la nécessité d´associer l´ensemble des spécialistes et de la société civile à l´élaboration du premier Code de l´urbanisme en Algérie. «L´Algérie n´a pas de Code de l´urbanisme jusqu´à présent. Nous avons commencé à réfléchir sur l´élaboration d´un manuel didactique utilisable par le juge, le citoyen, le bureau d´études, le journaliste, l´enseignant, et l´étudiant», selon l´inspecteur général de l´urbanisme et de la construction. Cela sera «un instrument souple entre les mains de toute personne qui s´inquiète sur les modalités de gestion de l´acte de bâtir», a-t-il ajouté. Ce code devrait tenir compte des dispositions de l´ensemble des branches du droit relatif à l´urbanisme: droit civil, aménagement du territoire, droit de propriété, protection de l´environnement, forêts, littoral, tourisme et agriculture, selon les recommandations du même atelier. A cet effet, les experts ont également appelé à utiliser le droit de préemption des collectivités locales pour récupérer les terrains urbains dans le cadre de la restructuration ou la rénovation des quartiers ainsi qu´ à la prise en charge, par le cadastre, des inscriptions de la Conservation foncière, au fur et à mesure des affectations des sols aux projets. D´ autres recommandations ont porté sur l´institution de la «maîtrise d´ouvrage déléguée» pour tout projet intégrant des réalisations relevant de plusieurs secteurs, la promotion de la maîtrise d´oeuvre en urbanisme, l´intégration dans les études d´urbanisme des études de transport et de circulation et la réactivation des organes de la régulation foncière urbaine. Le respect «strict» des spécificités locales en termes d´architecture, de matériaux de construction, du contexte socioculturel et des données climatiques et géographiques, enfin, l´élaboration de projets urbains pilotes ont été vivement recommandés. L´atelier sur «la régénération urbaine comme outil de revitalisation des fonctions urbaines», a insisté sur l´émergence d´une maîtrise d´oeuvre spécialisée à tous les niveaux, la mobilisation de financements mixtes, la résorption de l´habitat précaire, l´intégration des tissus informels dans les espaces urbains et la formation d´une main- d´oeuvre aux métiers du bâtiment et de la ville. Quant à l´atelier sur l´aménagement rural intégré, il a débouché sur un appel commun à utiliser cet aménagement pour freiner l´exode en implantant les infrastructures sociales au bénéfice de la population rurale afin de corriger les disparités territoriales. Il a été également suggéré la conception de typologies d´habitat rural inspirées des modèles anciens mais intégrant les technologies modernes. Les participants à l´atelier sur «le développement de la cohérence urbaine comme outil de la qualité du cadre bâti», ont insisté sur la mise en place d´un cadre permanent de concertation intersectorielle avec la participation de la société civile pour la réussite du projet urbain intégré. Quant à M. Moussa, il pointait du doigt la communication dans le secteur, qui souffre d´une «défaillance avérée», selon lui. «Maintenant le déclic est provoqué chez la société et c´est à elle de prendre en charge ce projet», a-t-il dit. En définitive, d´autres ateliers pour associer l´ensemble des acteurs de la société civile à l´élaboration du premier Code de l´urbanisme en Algérie, a été l´autre recommandation. Si ce n´est encore pas trop tard, ces recommandations promettent de belles villes et palais pour un avenir où l´urbanisme échappera à la déconfiture dont il fait l´objet aujourd´hui. Jusque-là, ce sont des constructions d´idées...nobles, certes. Le temps finira pas dévoiler les intentions des pouvoirs publics.