«le pouvoir algérien continue dans sa stratégie de diviser pour régner.» L'attente de la réponse du Président de la République, la défiscalisation de la Kabylie et la libération des détenus sont autant de sujets sur lesquels les structures politiques influentes en Kabylie comptent rebondir dans les prochains jours annonçant un été politique chaud. Au-delà de la légitimité des attentes et autres revendications, il y a lieu de noter cette volonté de récupérer le terrain perdu pour les partis politiques après que les ârchs eurent affiché leur intention de s'étaler dans le temps. Le repositionnement et les intentions politiques des uns et des autres ne manqueront pas de donner lieu à un bras de fer fort intéressant à la veille de la plus importante échéance électorale. Le comité populaire de la wilaya de Béjaïa, tendance gauchiste, estime dans une déclaration rendue publique, hier, que «le pouvoir algérien continue dans sa politique de diviser pour régner», allusion au maintien en détention de plusieurs délégués de Kherrata, à la maison d'arrêt de Sétif, qui n'ont pas bénéficié des mesures d'apaisement prises par les pouvoirs publics au lendemain de l'appel au dialogue du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia et de la réponse conditionnée des ârchs. Réunis récemment, le CPWBéjaïa tente de renouer avec la scène politique en prenant franchement position pour la libération de l'ensemble des détenus du mouvement politique à travers le territoire national en affirmant que «ces détenus comme ceux de Mila et de toute les régions du pays quii se sont soulevés contre la Hogra sont des détenus du mouvement». A ce propos, cette structure exige à l'instar de l'interwilayas des ârchs «leur libération immédiate et inconditionnelle et l'arrêt des poursuites judiciaires qui menacent les détenus libérés». Au côté du Cpwb, qui compte faire un retour en force, le mouvement des ârchs de Kabylie, représenté par la Cadc, la Cicb et le Ccwb, vit ces derniers jours au rythme d'une attente angoissante sur fond d'attaques qu'il subit au quotidien. Les amis d'hier lui tournent apparemment le dos. Ayant donné sa réponse à Ouyahia à l'issue du conclave de son instance suprême, le mouvement citoyen paraît dans l'expectative. Les quelques sorties des animateurs les plus en vue de ce mouvement à travers la presse et les meetings populaires restent, non seulement, insuffisants pour le maintien de la mobilisation, mais semblent irriter une classe politique qui se ressaisit et décide de prendre les devants. Après avoir tenté vraiment de domestiquer ce mouvement et de le récupérer, les partis politiques influents en Kabylie affichent leur intention de réoccuper le terrain politique après une longue attente qui leur a été fort préjudiciable. Les revendications d'ordre économique soulevées par le parti de Saïd Sadi, assorties d'attaques à peine voilées contre les ârchs, en sont, si besoin est, une preuve qui illustre assez bien les relations de méfiance qui existent présentement entre le mouvement citoyen et la classe politique. Après le FFS, qui a marqué son opposition aux ârchs à la veille des élections locales d'octobre dernier, voilà que le RCD se met de la partie. Le Cpwb, le MCB autant de structures qui annoncent leur retour en se présentant comme de véritables concurrents des ârchs. L'élection présidentielle de 2004 n'est, franchement, pas étrangère à ce branle-bas de combat qui éclaircira vraisemblablement mieux l'avenir.