La friperie est un danger pour le citoyen Les sénateurs préparent une pétition sur l'article 123 portant sur l'importation du chiffon et ont demandé au président du Sénat que le vote de la loi LFC 2011 se fasse article par article. Les sénateurs vont faire barrage aux députés. Ils préparent une pétition sur l'article 123 autorisant l'importation de la friperie. Le sénateur FLN, Rachid Assas, a surpris tout le monde hier à la séance d'examen du projet de la loi de finances complémentaire 2011. Dans son intervention, le sénateur a lancé un appel invitant ses collègues à faire avorter l'amendement apporté par les députés sur l'importation du «chiffon». «Nous allons réunir tous les sénateurs, toutes couleurs confondues, pour bloquer l'article 123 qui a été proposé par les membres de la chambre basse», a affirmé le sénateur FLN. Les sénateurs demandent au président du Sénat à ce que le vote de la LFC 2011 se fasse article par article. Cette demande n'est pas fortuite. Les sénateurs visent en parallèle à rejeter la proposition des députés. «Si nous arrivons à obtenir le vote article par article, nous bloquerons l'article 123», a expliqué M.Assas. Pourquoi interdire l'importation de la fripe? M.Assas avance comme premier argument la santé publique. «Le chiffon est un danger pour le citoyen», a-t-il affirmé sans pour autant omettre le désastre qu'elle provoque pour l'économie nationale. La levée de l'interdiction sur l'importation du chiffon a provoqué une vive polémique ces derniers temps. Des voix se sont élevées pour dénoncer le geste des élus du peuple. Instituée dans la LFC 2009 par ordonnance, cette décision n'a duré que deux années. Les «représentants» du peuple sont revenus à la charge, lors des débats sur la LFC 2011, pour autoriser l'importation du chiffon. L'amendement a été proposé par quatre députés (deux du RND, un du MSP et un autre indépendant) et adopté par la commission des finances et du budget de l'APN. S'appuyant sur l'argument que ce secteur devra «générer» 15.000 emplois, les députés ont réussi à le faire passer. Les auteurs de l'amendement ont même justifié que les vêtements utilisés continuent d'être importés par des circuits informels, et ce, malgré son interdiction. Or, l'autorisation de l'importation du chiffon risque de condamner à mort le secteur du textile en Algérie moribond. La Fédération nationale du textile et cuirs a tiré la sonnette d'alarme. Son secrétaire général, Amar Takjout, considère que cette décision est contraire à la volonté affichée par le gouvernement de relancer le secteur du textile et du cuir en lui injectant 2 milliards de dollars. «C'est une vision misérabiliste qui consiste à faire de l'Algérie le réceptacle de toutes les vieilleries de l'Europe», a-t-il affirmé en regrettant l'attitude des députés qui sont censés défendre l'intérêt du peuple et le protéger. L'argument de lemploi avancé par les députés ne tient pas la route pour lui. Il soutient que le premier secteur productif et créateur d'emploi est celui du textile et non pas l'importation. Afin de dénoncer cet amendement, le secrétaire général de la Fédération menace d'observer un sit-in devant le Parlement. M.Takjout a également dénoncé «le laxisme de l'Exécutif qui aurait pu agir de sorte à empêcher qu'un tel amendement ait lieu». Effectivement, le gouvernement aurait pu refuser la proposition des députés. Alors qu'il multiplie les actions pour réduire les importations qui pèsent lourdement sur la balance commerciale, le gouvernement a cautionné la démarche des députés. Les sénateurs tentent de rattraper le coup en bloquant cet amendement. L'équipe de M.Bensalah va-t-elle réussir? Des tractations sont en cours pour mener l'offensive avant que le projet ne soit adopté. Un autre point a été soulevé par les sénateurs. Il s'agit de l'interdiction de la vente des logements LSP et de l'Opgi. «Pourquoi bloquer le citoyen en lui interdisant de vendre son logement pendant dix ans?», s'est interrogé un sénateur. Pour lui, le citoyen risque d'être dans le besoin. «L'Etat ne doit pas imposer cette décision aux citoyens pour la simple raison qu'il est libre de changer son lieu d'habitation», a-t-il affirmé en précisant qu'en cas de mutation, le citoyen sera bloqué. Les débats sur la loi de finances 2011 prévus durant trois séances ont été écourtés à une séance. En tout, 17 interventions ont été enregistrées hier. La séance d'hier a été marquée par un grand nombre d'absents. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, et le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, n'ont pas été de la partie. L'hémicycle du Conseil de la nation était clairsemé. A peine une cinquantaine de sénateurs ont assisté à la première séance.