Notre pays compte une femme wali, une présidente d'APC sur 1541 communes, 30 députées, 3 femmes ministres, 4 ambassadrices et 4 femmes consuls. La femme algérienne est foncièrement minorisée et marginalisée aussi bien au plan juridique que sociétal, a souligné Mme Maya Sahli, professeur de droit international et des droits de l'homme à l'Université d'Alger, hier au siège du Centre de recherche sécuritaire et stratégique (Crss), à Ben Aknoun (Alger). «L'article 31 bis de la Constitution indique clairement que l'Etat oeuvre à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d'accès à la représentation dans les assemblées élues. Néanmoins, cette dernière demeure mal représentée, voire isolée», a fait remarquer Mme Maya Sahli, lors d'une conférence-débat, placée sous le thème «La participation de la femme dans la vie politique». Dans le même contexte, elle a soutenu que quoique l'égalité entre l'homme et la femme soit garantie par les textes en vigueur, ces derniers restent au simple stade de cadre constitutionnel. Selon elle, cette égalité, tant réclamée par la femme algérienne, n'est pas visible ou vécue dans la réalité même si des avancées notables sont enregistrées comme le droit au travail, l'égalité des salaires, une grande présence dans certains secteurs comme l'éducation, la santé, la magistrature. C'est dire que cette égalité doit s'étendre à d'autres domaines, en l'occurrence les postes de responsabilité politique. Une professeure à l'Institut supérieur de la magistrature et celui de la diplomatie fait savoir que le statut de la femme en Algérie connaît une sous-représentation dans les sphères décisionnelles politiques. Ainsi, elle a indiqué que «les femmes sont moins visibles dans les sphères décisionnelles en raison des blocages socioculturels et du référent religieux, voire social et culturel.» Pour ce faire, Mme Sahli, juriste internationale, faisant partie de la commission chargée d'élaborer un projet de loi organique devant définir les modalités pratiques, a déclaré, en illustrant ses propos, que l'Algérie compte à travers les 48 wilayas une seule femme wali, une seule présidente d'APC sur les 1541 communes du pays, à peine une trentaine de députées à l'APN, 3 femmes membres du gouvernement, 4 ambassadrices et 4 femmes consuls. S'agissant des modalités d'application de l'article en quesion, l'invitée du Crss a expliqué qu'elles ont été fixées par une loi organique, laquelle a été, selon elle, élaborée et remise à qui de droit, en 2009. Ainsi, la commission chargée d'élaborer un projet de loi organique devant définir les modalités pratiques de cette loi organique a remis le texte de loi. Mais il demeure, regrette-t-elle, lettre morte depuis. En revenant au texte, elle a signalé que ce dernier préconise plusieurs dispositions allant dans le sens du souci du président de la République d'accorder davantage de place à la femme dans les assemblées élues. «Le projet de loi organique prévoit une politique des quotas pour une plus grande représentativité de la femme, une alternance des candidats hommes et femmes sur les listes électorales pour garantir une présence plus grande des élues dans les assemblées et, enfin, des mesures pénalisant les partis politiques ne respectant pas ces dispositions», a précisé Mme Maya Sahli. Et d'estimer toutefois, que le système de quotas consacré aux femmes en matière de représentation politique, est perçu comme une sorte de «discrimination positive». Néanmoins, elle a jugé que cela constitue un moyen pouvant servir dans un premier temps à cette composante de la société pour conquérir le domaine politique de manière graduelle. Cependant, pour le Pr en sciences politiques et droit constitutionnel, Laïb Choubaalia, le fait de consacrer le principe de la parité dans les conventions internationales et les législations nationales «ne change rien», à la situation des femmes, en l'absence des outils et des mécanismes appropriés pour leur garantir leurs droits politiques. Actuellement, a-t-elle relevé, les femmes algériennes ont investi tous les domaines grâce à la volonté et à leurs compétences, notamment dans les domaines, de l'éducation, l'administration, le commerce, la justice et la santé... Mais, il reste beaucoup à faire, notamment en termes de «participation dans la vie politique, qui reste en deçà des attentes. Mais pour donner la place qui convient à la femme, aujourd'hui, dans la société, il faudrait, a-t-elle suggéré, éviter de tomber dans la rigidité et la xénophobie des anciennes habitudes sociales, en tentant par tous les moyens de «sortir du modèle stéréotypé», classant toujours la femme dans le cadre des groupes «vulnérables» de la société.