Dans un discours adressé à son peuple, Mohammed VI consacre la marocanité du Sahara occidental à travers le projet de Constitution qui sera soumis à référendum le 1er juillet. Le souverain marocain propose un référendum «parallèle» sur le Sahara occidental. Les Sahraouis des territoires occupés le boycotteront probablement massivement. Dans l'urgence, le Front Polisario repositionne la question sur le plan du respect de la légalité internationale. «Ce référendum qui ne concerne pas le Sahara occidental va plutôt dégrader l'image du Maroc dans le monde car le Sahara occidental n'est pas une partie du territoire marocain pour qu'il soit demandé aux Sahraouis de voter sur la nouvelle Constitution», a indiqué son représentant au Royaume-Uni. La manoeuvre est autant machiavélique que redoutable. Elle met le Conseil de sécurité de l'ONU face à ses responsabilités. L'envoyé spécial de l'Organisation des Nations Unie pour le Sahara occidental a-t-il encore un rôle à jouer dans ces conditions? Cette nouvelle donne dans la question sahraouie fait penser que les prochains pourparlers informels entre le Front Polisario et le Maroc, qui doivent en principe se tenir dans le courant de la seconde quinzaine du mois de juillet, n'auront probablement pas lieu. Si Christopher Ross a reconnu que le «statu quo» prédominait dans les négociations entre Marocains et Sahraouis cette fois-ci, en consacrant la marocanité du Sahara à travers le projet de Constitution qui sera soumis à référendum le 1er juillet, Rabat vient les propulser droit dans le mur. La stratégie est tout simplement diabolique. «Je dirai donc OUI à ce projet, car Je suis convaincu que, de par son essence démocratique, il donnera une forte impulsion à la recherche d'une solution définitive pour la juste cause de la marocanité de notre Sahara, sur la base de notre Initiative d'autonomie. Ce projet confortera, de surcroît, la position d'avant-garde qu'occupe le Maroc dans son environnement régional, en tant qu'Etat qui se distingue par son parcours démocratique, unificateur et original», a déclaré, vendredi soir, le souverain marocain dans un discours adressé à son peuple. Ce qui a soulevé les inquiétudes légitimes des responsables sahraouis. Le président de la Rasd a aussitôt réagi. «Je tiens à vous adresser ce message pour attirer votre attention sur les intentions du gouvernement marocain de mettre en oeuvre des décisions politiques concernant la réforme constitutionnelle au Maroc, dans laquelle il envisage également d'inclure le Sahara occidental qui est sous l'occupation illégale du royaume du Maroc» a écrit vendredi Mohamed Abdelaziz dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies. Le représentant du Front Polisario au Royaume-Uni lui a emboîté le pas le 27 juin. «Le référendum sur la nouvelle Constitution est une violation flagrante du droit international, une fuite en avant et un brouillage des cartes du Maroc sur la question fondamentale de l'autodétermination du peuple sahraoui», a souligné Lamine Baâli. Que deviendront les résolutions 1813 (2008), 1871 (2009) et 1920 (2010) votées par le Conseil de sécurité qui demandent aux deux parties en conflit de «poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi,... en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoi à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental»? Le Makhzen met à rude épreuve les instances internationales. «Le Maroc continuera à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale sans renoncer au moindre pouce de son Sahara», avait prévenu Mohammed VI au mois de juillet 2010, à l'occasion de la célébration du 11e anniversaire de son accession au trône. Cette fois, il passe à l'acte pour tenter de concrétiser son projet en s'adressant directement à son peuple.