Abdelmadjid Sidi Saïd reconnaît que l'importation de la friperie a porté un coup fatal au secteur des textiles 15.000 travailleurs du secteur des textiles et cuirs sont en détresse. Ces derniers risquent d'être achevés par la légalisation de l'importation du chiffon. Ce n'est pas tout. Les marchés des entreprises publiques se font par dessous-de-table, regrettent les travailleurs de l'entreprise MVL de Chéraga, spécialisée dans le vêtement et la maroquinerie. Ils étaient regroupés hier devant la Maison du peuple à Alger. La concurrence déloyale a contraint l'entreprise à réduire de 75% ses effectifs. «De 450 travailleurs, on est passé à 150. Même avec l'interdiction de la formule de gré à gré, les entités publiques censées doper le plan de charge des entreprises des textiles et cuirs accordent leur marchés à des ateliers privés», déplorent les syndicalistes venus des quatre coins du pays pour se joindre à l'action de protestation. Certaines entités publiques refusent d'honorer leurs créances, déplore-t-on encore. Les travailleurs de la société de jute de Béjaïa étaient présents. L'effectif se rétrécit comme une peau de chagrin. Sur 1300 travailleurs, près de 1000 ont été licenciés ou forcés au départ à la retraite anticipée. Les ateliers privés activant et ne payant aucun centime au fisc proposent des produits hors de concurrence. Concernant les cuirs, c'est une véritable hémorragie qui frappe la matière première (les peaux brutes). Les étrangers bénéficiant de complicités, dit-on. Le trafic se fait en Weet Bleu: la peau exportée est débarrassée au préalable de sa toison. Ceci est la parade trouvée contre l'interdiction d'exportation de la peau brute, témoignent les travailleurs impuissants. «Les députés nous obligent à sortir dans la rue» peut-on lire sur une banderole brandie par les protestataires, très nombreux à participer au si-tin tenu hier devant le siège de la Centrale syndicale. Un dispositif de sécurité impressionnant est dépêché sur les lieux. Abdelmadjid Sidi Saïd reconnaît que l'importation de la friperie existait déjà depuis le début des années 1990. Elle a porté un coup sévère au secteur des textiles et cuirs, dit-il. Selon le patron de la Centrale syndicale, le nombre des travailleurs est passé de 450.000 à 15.000 seulement. La parenthèse de l'année 2010, dont la loi de finances a institué l'interdiction de l'importation de la friperie, est totalement fermée. L'enveloppe de 2 milliards de dollars consacrée récemment au sauvetage du secteur ne serait que de la poudre aux yeux au vu de la nouvelle donne relative à la légalisation de l'importation de la friperie. Assailli par les travailleurs qui voulaient exprimer leur ras-le-bol, Sidi Saïd soutient qu'il reste encore de l'espoir pour que le secteur des textiles et cuirs retrouve son rôle moteur de l'économie nationale. Mais faut-t-il imposer le retrait de cette loi? Pour les contractuels, Sidi Saïd leur promet des contrats à durée indéterminée. «On parle d'un plan de relance du secteur doté d'un budget de deux milliards de dollars et les députés réintroduisent une mesure pour l'importation de la friperie», s'indigne Amar Takjout secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des textiles et cuirs. Les protestataires exigent l'application du plan de relance du secteur, l'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs et menacent d'investir la rue en septembre.