L'ancien premier responsable de ce parti reproche à un certain candidat de vouloir sacrifier cette formation pour le compte de ses seules ambitions personnelles. Connu pour être pondéré dans ses propos et positions, voire carrément taciturne, le coup de gueule de Boualem Benhamouda, ancien secrétaire général du FLN et actuel membre de la direction de ce dernier, exprime bien le ras-le-bol des militants et cadres à la suite des graves dérives qui se sont produites durant tout le mois passé. Dans une lettre rendue publique hier, Benhamouda remet les pendules à l'heure en expliquant les grands enjeux en cours tout en stigmatisant les actions visant à déstabiliser le FLN. «Si je reprends la plume aujourd'hui, écrit-il, c'est pour attirer l'attention de certains militants sur l'illégalité de tout travail, de toutes réunion, de toute structure parallèle à celles existantes». Même les militants qui ne sont pas d'accord avec la ligne ou la direction du parti, ce qui est forcément le cas dans toutes les formations politiques du monde, peuvent l'exprimer librement, mais dans le cadre des structures mises en place à cet effet. A ce propos, comme souligné par nous dans une précédente édition, le FLN est un des rares partis qui applique réellement la démocratie en accordant le «droit de tendance» à ses militants et à ses cadres dans la plus totale transparence. Tout en soulignant avec force que le huitième congrès s'est déroulé dans des conditions parfaitement normales et légales, en réponse à Abdelkader Hadjar et ses hommes de main, Boualem Benhamouda répond aussi à ceux qui veulent aller vers des assisses parallèles en leur rappelant l'impossibilité de la chose: «Tout congrès extraordinaire ne peut se tenir que sur convocation du secrétaire général du parti ou sur demande des deux tiers des membres du comité central». Benhamouda rappelle les grands acquis réalisés par le parti à l'occasion des deux dernières élections et qui en font la première formation politique du pays. Or, «toute action en dehors aboutit à une division du parti préjudiciable à sa cohésion et à sa mobilisation pour des élections présidentielles stratégiques pour la période à venir». Benhamouda, sans le dire explicitement, admet donc que le FLN jouera un rôle de premier ordre lors de ce scrutin. L'homme qui a mené la barque FLN avec sa traversée du désert à la suite du départ de Mehri, qui sait que le militantisme «exige du souffle et de la patience», sous-entend clairement que le FLN a toutes les chances de voir son propre candidat devenir le futur Président de la République. Des attaques directes sont même formulées contre celui qui est supposé manipuler tout ce beau monde et dont le nom n'est pas cité: «On ne peut admettre que des militants du parti travaillent pour un cercle politique en dehors du parti, un cercle dont il reçoivent les directives et qui veut forcer la main au parti du FLN quant au candidat à la prochaine présidentielle et qui est prêt à le disloquer pour satisfaire des ambitions personnelles». Une voie de sortie est laissée aux militants sincères qui ont pu être trompés momentanément. Car, à présent, précise Benhamouda, les jeux sont clairs, les enjeux aussi». Il ajoute que «le FLN ne doit pas rater la prochaine élection présidentielle qui est vitale pour l'avenir proche de l'Algérie, pour son développement au service du peuple tout entier...» Cette sortie vient renforcer plus encore le camp légaliste de Ali Benflis qui, désormais, négocie sereinement la dernière ligne droite qui le sépare encore de la présidentielle.