«Certains nous ont dit qu'on n'a pas le droit à un logement à Béjaïa puisque nous sommes venus d'ailleurs.» Même s'il est caché à la vue, le bidonville de Soumari reste point noir pour la ville de Béjaïa. Les «résidents», qui s'y sont installés ne demandent pas mieux que de quitter ces lieux infects et surtout dangereux. La virée que nous avons effectuée sur les lieux nous a permis de faire un constat des plus désolants et de relever l'urgence de transférer ces habitants et d'éradiquer ce lieu. 135 familles y ont élu domicile dans des taudis qui ne permettent en fait aucune protection. La chaleur y sévit en été et durant l'hiver c'est l'humidité et l'infiltration des eaux qui s'invitent. Chez les Kheroubi, une pièce d'à peine 4 m² est partagée en deux pour dégager un sanitaire et une cuisine. Employé à l'université, Mme Kherroubi est arrivée à Béjaïa par un pur hasard et il y est restée. Après avoir erré un peu partout, elle a été contrainte, elle et son fils, de s'y installer provisoirement. Un provisoire qui dure depuis 5 ans. Elle est venue de Relizane depuis 13 ans. Comme elle, ces femmes célibataires sont nombreuses à Soumari. Elles élèvent des enfants en bas âge. Venant des différentes contrées de Béjaïa et du pays, ces femmes et mères, considérées comme des «étrangères» sont inquiètes. Récemment, disent-elles, «nous avons été victimes d'injures racistes lancées par des gens d'ici». «Certains nous ont dit qu'on n'a pas le droit à un logement à Béjaïa puisque nous sommes venues d'ailleurs», racontent-elles. Houaria, Sabiha et bien d'autres femmes ne cachaient pas, lors de notre visite, leur appréhension mêlée à la colère. Outre la précarité des habitations de fortune qu'elles occupent, aujourd'hui, elles font face à des pressions qui les laissent perplexes. L'histoire de cette cité n'en finit pas de se répéter, Depuis sa démolition pour la première fois à la fin des années 1980, la cité Soumari est devenue un bidonville de transit. Les habitants rencontrés sur les lieux s'en défendent. «Nous sommes là depuis des années», dit l'un d'entre eux. Les premiers occupants de ce bidonville ont bénéficié de logements sociaux à Sidi Ahmed. D'autres familles sont arrivées pour les remplacer et se loger dans des maisonnettes. C'est ainsi qu'un véritable bidonville est né au coeur même de la ville pour devenir une tache noire qui fait parler d'elle assez souvent. On recense chaque jour une nouvelle famille qui arrive pour remplacer une partante ou encore pour y bâtir son gourbi afin de l'occuper. Cette situation est vécue au su et au vu des autorités sans que ces dernières daignent intervenir. En attendant la prise en charge effective par les pouvoirs publics, Soumari et ces gourbis continueront à servir d'étape de transit pour le logement. Au cours de notre virée, il nous été donné d'apprendre que ces masures sont attribuées moyennant une forte somme d'argent. L'occupation illégale de cette assiette de terrain pénalise les pouvoirs publics qui se trouvent confrontés à un déficit de terrains pour l'inscription d'équipements publics ou de programme consistant en logements qui font défaut dans la commune de Béjaïa. La solution ne peut venir que du relogement de ces occupants et la récupération de l'assiette avant que d'autres personnes mal intentionnées n'élisent domicile comme cela s'est produit plusieurs fois par le passé.