Demain, on fête le 49e anniversaire de l'Indépendance de notre pays. C'était le 5 juillet 1962. Mais c'est en même temps, la commémoration du 181e anniversaire de la prise d'Alger, le 5 juillet 1830, qui a marqué le début d'une sauvagerie par laquelle l'Algérie allait carrément être annexée à la France. Cela veut dire qu'en Algérie, cette date est marquée tout à la fois de recueillement à la mémoire de toutes les victimes des 132 années de colonisation et toute la joie qui marque la fin de cette longue nuit de cauchemars pour les Algériens. A l'inverse, pour les nostalgiques de l'Algérie française, qui pèsent, plus que jamais, sur la scène politique française, c'est le 181e anniversaire de joie et de fête d'une grande conquête et le 49e anniversaire du deuil de la domination avortée. On pourrait commencer par ces sentiments historiques contraires à la démonstration de l'absurdité de «l'écriture commune de l'histoire» que continuent à prôner ces mêmes cercles de nostalgiques dans l'Hexagone. Combien de fois faudra-t-il répéter à ces bonimenteurs que nous n'avons ni histoire commune ni, par conséquent, d'histoire commune à écrire ensemble. Dans cette histoire, il y a l'envahisseur et l'envahi. Le cours de leur histoire est diamétralement opposé. De plus et si du côté des colonisés les choses sont claires, de l'autre côté, les raisons qui ont poussé à la colonisation sont toujours masquées. Du faux prétexte de «lutte contre la piraterie» en 1830 jusqu'à la politique de la terre brûlée en 1962, la France assume forcément la responsabilité. A ces crimes, il faut ajouter tous les faux serments, les accords violés, les mensonges et autres «fourberies» qui parsèment la présence française en Algérie. De ces fourberies décrites dans l'ouvrage de Michel Habart «Histoire d'un parjure» publié avec courage en 1960 aux Editions de Minuit en France et que l'Anep a réédité en 2007. Il est utile de vous livrer un extrait du chapitre premier: «La vérité est que les prétextes de notre déclaration de guerre de 1827 n'étaient qu'une suite de provocations montées à Paris par les ultras, et en Alger par le financier Jacob Bacri, lequel Bacri avait, pour deux millions, acheté notre consul Deval, une créature de Talleyrand; lequel, pour beaucoup plus cher et depuis plus de trente ans, était lui-même acoquiné et vendu à Bacri, lequel répétait à plaisir qu'il avait «le boiteux (Talleyrand, Ndlr) dans la main.» Au bout de ce ricochet de fourberies, se trouvaient le Duc d'Orléans et la guerre d'Algérie». N'est-ce pas édifiant! La majorité des Français avait compris les ressorts qui ont mené à la colonisation. On en retrouve la preuve dans les deux référendums que leur a soumis De Gaulle en janvier 1961 et en avril de l'année suivante. Dans le premier, plus de 75% des Français en métropole avaient dit «oui» à l'autodétermination en Algérie. Dans le second, qui ouvre la voie à l'indépendance de l'Algérie, c'est près de 91% de Français (en métropole toujours) qui ont dit «oui». Ce qui prouve bien que les nostalgiques de l'Algérie française ne sont en réalité qu'une poignée. Chacun aura aussi remarqué que les illustres historiens qui se mettent en avant en France ne parlent guère de ces deux référendums. Ces mêmes historiens qui s'époumonent à vendre leur camelote «d'écriture commune de l'histoire». Nous conseillons à ces historiens pour mieux comprendre notre «système immunitaire», de lire ou relire Michel Habart. Mais comme de jure, le livre a été retiré de la circulation, depuis des lustres, en France. Pourquoi le Centre culturel algérien à Paris ne distribuerait-il pas gratuitement aux Français, ce livre réédité par l'Anep? Le 50e anniversaire de l'Indépendance offre une bonne occasion. Et puis, la vérité vaut bien la dépense!