Que connaît-on, aujourd'hui de la Fête de l'indépendance? De cette journée marquée en lettres d'or dans les annales de l'Histoire non seulement nationale mais universelle? Que représente cette journée pour la nouvelle génération ? Car pour les vieux, qui ont d'ailleurs beaucoup souffert de cette longue nuit coloniale, le 5 Juillet, c'est le bout d'un tunnel obscur marqué par une injustice indescriptible. Ainsi, c'est sur avec une pointe d'indifférence que la masse juvénile accueille ce 42e anniversaire. Il n'est, à leurs yeux, qu'une occasion pour faire la fête...sinon côté histoire, ce n'est que du superficiel... «Le 5 Juillet? Ben, c'est la fête de l'indépendance et c'est tout...» C'est ainsi que s'expriment les jeunes que nous avons interrogés. Ils aspirent pourtant, pour la plupart, à un avenir «salvateur». «On a eu l'indépendance et après? Nous n'arrivons plus à nous en sortir de toutes les crises successives qui nous frappent. Le 5 Octobre, le terrorisme et tout le reste, voilà le fruit que nous avons cueilli de notre liberté...». Cela est le constat quelque peu sceptique d'un jeune ingénieur qui n'arrive toujours pas à décrocher un poste de travail. Pour ce jeune que nous avons interrogé «l'Algérie n'a eu son indépendance que pour s'enfoncer encore de plus belle dans la boue. Avant, dit-il, c'était la France qui pompait nos ressources, aujourd'hui il est vrai que nous sommes libres et que nous jouissons de notre «autonomie», mais l'Algérie dépend toujours des autres, de la Banque mondiale, du FMI...ce sont eux le centre de toutes les décisions, nous ne faisons qu'obéir...». Telle est la lecture faite par ce jeune désemparé. Malheureusement, les avis convergent vers un large consensus.«Le 5 juillet, c'est la fête qui cache tant de maux et de malheurs», nous déclare un autre, la trentaine passée. «On fait semblant de savourer notre indépendance, en réalité, on est en train d'essuyer un échec, parce qu'on ne sait pas en tirer profit, et Dieu seul sait le prix payé pour faire sortir les Français». Pour les autres, plus jeunes, parlent de cette journée telle qu'elle leur a été enseignée dans les manuels scolaires. «C'est la commémoration de la fin de 130 années de colonialisme, d'injustice et d'exploitation sauvage» pour certains. Qu'en pensent les plus âgés ? Ces derniers sont plutôt désolés d'assister au naufrage du pays «qui a été libéré grâce au combat du peuple algérien qui a sacrifié un million et demi de martyrs. On n'arrive toujours pas à honorer leur mémoire, leur combat, leur rêve de fonder un Etat algérien démocratique, jouissant de son indépendance. C'était le rêve des meilleurs enfants d'Algérie. Celui de Hassiba Ben Bouali, Amirouche, Ben Boulaïd, Abane, Bouhired...». Cela est le constat poignant d'un moudjahid qui s'est donné corps et âme à la cause nationaliste. «Je ne regrette jamais le combat que j'ai mené. Et si c'était à refaire, je le referai sans aucune hésitation. Nous avons fait notre devoir, maintenant c'est aux hauts responsables d'honorer la mémoire des martyrs et la misère endurée par tout un peuple». Ultime souhait d'un ancien maquisard.