Moscou et Prétoria pourraient appeler l'Alliance à cesser ses raids aériens contre le régime du colonel El Gueddafi. Alors que la partie se corse pour les différents pourvoyeurs de paix en Libye. Le président russe a rencontré hier son homologue sud-africain en marge d'une réunion du Conseil Otan-Russie, consacré notamment à la Libye, où Moscou et Prétoria pourraient appeler l'Alliance à cesser ses raids aériens contre le régime du colonel El Gueddafi. «J'aimerais que les représentants de l'Otan entendent, à la fois de ma part et peut-être de la vôtre Monsieur le Président (Zuma), ce qui se passe dans ce pays», en Libye, a déclaré le président russe. M.Zuma a assuré de son côté que rencontrer les membres de l'Otan «serait très utile en termes d'interaction, car ils pourraient apprendre quelles sont les préoccupations actuelles de l'Union africaine (UA)». Selon des responsables sud-africains, parlant sous couvert d'anonymat, MM. Zuma et Medvedev pourraient faire une déclaration commune, appelant l'Otan à cesser ses raids aériens contre le régime du colonel El Gueddafi. L'Afrique du Sud avait à ce sujet annoncé, dimanche, la visite en Russie de son président après un sommet de l'Union africaine durant lequel l'organisation a adopté un texte qui doit servir de base à des négociations futures entre les parties libyennes. Ce texte prévoit d'écarter le colonel Mouamar El Gueddafi des négociations, tout en refusant d'appliquer le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre le dirigeant libyen pour crimes contre l'humanité. Le document n'appelle pas, en outre explicitement le colonel El Gueddafi à céder le pouvoir. Il prévoit par ailleurs, le déploiement d'une «force de maintien de la paix». Les rebelles ont rejeté dimanche cet accord-cadre car il «n'inclut pas le départ de El Gueddafi, de ses fils et de son cercle rapproché», a expliqué Abdel Hafiz Ghoga, un de leurs porte-parole. Hier, le chef du Conseil national de transition (CNT) a renchéri qu'il n'y avait «aucune chance, actuellement ou dans l'avenir, pour que El Gueddafi reste en Libye» tout en reconnaissant qu'une telle offre lui avait auparavant été soumise. Le colonel El Gueddafi répète, lui, à l'envi qu'il ne cèdera pas à la pression militaro-diplomatique. D'ailleurs, Seïf Al-Islam El Gueddafi, deuxième fils du Guide libyen et porte-parole officieux du régime, estime impossible une solution au conflit qui n'implique pas son père, dans un entretien au journal français Le Monde publié hier «avec ou sans l'Otan, les rebelles vont perdre» la guerre, a-t-il assuré. De son côté, le fils aîné du dirigeant libyen Mohamed El-Gueddafi a affirmé que des pays occidentaux avaient envoyé des commandos à Tripoli pour «éliminer physiquement» le colonel Mouamar El Gueddafi, selon des propos rapportés par le président russe de la Fédération internationale des échecs (Fide), Kirsan Ilioumjinov, en visite en Libye, arrivé dimanche soir à Tripoli. Alors que l'Otan a indiqué, hier, avoir visé la veille trois véhicules armés dans la zone de Zouara, et mené des frappes, notamment dans la région de Brega (800 km à l'est de Tripoli) où 19 cibles militaires ont été visées mais aussi dans les zones de Syrte, Misrata et Gharyan. La télévision libyenne a dénoncé une «guerre d'extermination» et de «crimes contre l'humanité» commis par l'Otan en Libye. Des raids de l'Otan ont visé hier à l'aube, le port de Zouara et des points de contrôle civils dans cette ville située à 120 km à l'ouest de Tripoli, a annoncé la télévision d'Etat libyenne, faisant état de morts et de blessés. L'agence officielle libyenne Jana a, quant à elle, indiqué qu'un raid croisé avait visé, hier matin, des points de contrôle à Bani Walid, à 180 km au sud-est de la capitale libyenne, faisant aussi plusieurs morts et blessés. Cependant, l'Otan a affirmé samedi qu'elle continuait d'augmenter la pression sur le régime de El Gueddafi pour protéger les civils partout où ils sont menacés. Selon cette organisation, ces frappes aériennes visent à répondre au déploiement de forces pro-El Gueddafi dans des zones urbaines d'importance et sur des lignes de communication. Une seule conclusion est jusque-là possible. A en croire les différentes déclarations, l'Otan a effectivement bombardé les villes en question, mais a-t-elle visé des cibles militaires ou civiles? La question reste posée, surtout que, ce n'est pas la première fois qu'une telle situation fait l'objet de dilemme.