La mort politique annoncée de DSK était prématurée. Envisagée par certains proches de Dominique Strauss-Kahn, mais rejetée avec force par le gouvernement français, la théorie d'un complot politique visant l'ex-patron du FMI est revenue avec force en France à la faveur du retournement judiciaire survenu vendredi dans ce dossier. Aussi, l'annnonce vendredi d'un possible abandon des charges par la justice américaine a relancé les partisans de la conspiration qui s'appuient sur le rôle du Sofitel: l'hôtel aurait rapidement rapporté l'arrestation de son client au propriétaire, le groupe français Accor, qui lui-même aurait averti les autorités françaises. Dimanche, le député socialiste François Loncle a évoqué l'hypothèse de connexions entre Accor et peut-être certaines officines françaises, avant ou après l'affaire. «Tout n'est pas clair dans le comportement des dirigeants du Sofitel et du groupe Accor», a-t-il dit. De leur côté, les poids lourds du Parti socialiste se montrent prudents sur ce volet de l'affaire. «Je préfère parler de piège plutôt que de complot», a dit dimanche le député Pierre Moscovici, proche de DSK. Ravis ou contraints, les socialistes français ont pris acte de la résurrection politique de Dominique Strauss-Kahn et se préparent à une éventuelle candidature à la présidentielle de 2012, mais son opportunité semble faire débat parmi eux comme dans l'opinion. DSK «a toujours suivi ce qui se passait en France» et «jouera forcément un rôle considérable dans les échéances de l'année prochaine», a affirmé hier un de ses proches, Jean-Marie Le Guen, dans un entretien au journal Le Parisien. L'ancien patron du FMI, libéré vendredi et que la justice américaine pourrait renoncer à poursuivre pour agression sexuelle, «a toujours été dans un état d'esprit combatif pour faire reconnaître d'abord son innocence, et pour défendre aussi ses idées et ses valeurs», souligne le député socialiste. Ce proche de DSK est l'un des rares à n'avoir pas rallié l'un ou l'autre des poids lourds de la primaire socialiste, qui devrait opposer, entre autres, l'actuelle patronne du PS Martine Aubry, et le député François Hollande, et permettre de désigner en octobre le candidat du parti à la présidentielle. L'hypothèse d'un retour en course de Dominique Strauss-Kahn, donné avant l'affaire new-yorkaise comme le meilleur candidat socialiste et très largement vainqueur du sortant Nicolas Sarkozy, bouscule un parti qui venait à peine de digérer l'éviction de son champion. La mort politique annoncée de DSK avait propulsé en tête des sondages François Hollande, qui répète à l'envi qu'il est un candidat normal, et poussé Martine Aubry, liée à l'ex-patron du FMI par un pacte de non-agression réciproque, à se lancer dans la course, au dernier moment, à l'ouverture officielle des primaires. Tous ont assuré que le calendrier des primaires (la clôture des dépôts de candidatures est fixée au 13 juillet) ne serait pas un problème si Dominique Strauss-Kahn souhaitait revenir, mais très peu envisagent réellement un «come-back». Une candidature DSK à la primaire est «l'hypothèse la plus faible», a affirmé hier matin Benoît Hamon, porte-parole du PS et proche de Martine Aubry. De son côté, le député Jean-Christophe Cambadélis, proche de l'ex-patron du FMI mais rallié depuis peu à Martine Aubry, a assuré que la priorité de DSK était que son honneur «soit lavé» et dit n'avoir «pas reçu de message» de lui demandant de «rouvrir les dates de candidatures aux primaires». Trois jours après le coup de théâtre, les premiers sondages laissaient la porte ouverte: une enquête de l'institut Ipsos publiée lundi indique que 42% des Français pensent que Dominique Strauss-Kahn a un avenir politique. Une autre enquête publiée dimanche indiquait que près de la moitié des Français étaient favorables à son retour en politique. Pour Jérôme Fourquet de l'institut de sondages Ifop, cité par Le Figaro, si DSK était totalement blanchi par la justice américaine, il pourrait «revenir à une cote de popularité importante».