L'article 353 (loi n°06-23 du 20 décembre 2006) avec ses alinéas 1, 2, 3 et 4, mène droit à la crim'! Il n'y a pas de pire délit que l'association de malfaiteurs. Et c'est même un crime. Depuis la nuit des temps, des bandes de malfaiteurs se rencontrent, se concertent et décident de passer à l'action. Et passer à l'action, c'est toujours s'attaquer à plus faible que soi, à de paisibles citoyens souvent maladroits en gardant chez eux d'énormes sommes d'argent et des bijoux de grande valeur. Des séquences holywodiennes et hallucinantes entendues... C'est ce qui est arrivé du côté de l'est d'Alger où un vieillard avait été surpris par cinq encagoulés avec des turbans. Une bonne vieille méthode qui tient. Le pauvre père de famille allait souffrir le martyre, car il a refusé de remettre son bien et même de désigner l'endroit où il avait soigneusement caché sa petite fortune. Il passe un mauvais quart d'heure. Un quart d'heure qu'il racontera à Tahar Belkadi, le juge de Rouiba (cour de Boumerdès) et sous l'oeil intéressé de Mohammed Riad Belaraoui, le représentant du ministère public (qui tenait là de précieuses déclarations contre cinq inculpés qui risquent gros, très gros, au vu des inculpations que les avocats des victimes ont souhaitées ardemment se «convertir», pour être réqualifies en criminelle. «Oui, les assises doivent être retenues contre les criminels» dira plus tard Maître Zine El Abidine Arhab qui était plus que motivé dans ce dossier où il a relevé, outre la mauvaise foi, le mensonge, la couardise rien que d'avoir relevé que cinq jeunes gaillards s'en soient pris chez eux à deux personnes, l'une âgée et malade et l'autre encore pas mûre aux rudes rixes contre des voyous. Et tout comme Maître Arhab, Maître Mahmoud Benchabi, attirera l'attention du tribunal sur la gravité des actes commis. Et les deux avocats sauront bâtir par la suite une stratégie de démonstration en vue de tirer le drap sur le «corps» du juge, lequel est instamment prié d'aller vers un verdict plus rude: l'incompétence. «Oui, monsieur le président, nous avons affaire à une bande organisée. C'est une association de malfaiteurs», dira Maître Arhab, vite relayé par son aîné, Maître Benchabi, qui saura relever que tous les actes commis de nuit, par escalade, le rapt du papa Saïd et du fils Riad Oulini, ne peuvent être pris et considérés comme de simples délits. Il est vrai, pour mieux suivre le raisonnement des deux plaideurs et de Mohammed Riad Belaraoui, le représentant du ministère public de rappeler que les graves faits s'étaient déroutés en janvier 2011 vers les vingt-deux heures trente. Les bandits s'étaient introduits dans la maison du vieux Saïd. Enturbannés, ils réussissent à briser la porte-fenêtre sans barreaux. Rapidement, le propriétaire et neutralisé. Il est sommé et rudement d'ouvrir le coffre-fort et avec la remise des chiffres du code. Il cède. Le coffre est ouvert. Les bandits ordonnent à la victime d'ouvrir le second coffre-fort. Il résiste. Le vieux ne veut pas céder! Mais devant les yeux vitreux des jeunes, Saïd ouvre le deuxième coffre. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Riad, le fiston arrive. Et son arrivée dérange les voyous. Il est, lui aussi, vite neutralisé avec un stratagème diabolique. Il est allongé sur une serviette de plage avec l'ordre de leur remettre tous les bijoux de famille. «Nous avons été envoyés pour t'égorger si tu refuses d'obtempérer, dit l'un d'eux. Et le tout dit sur un ton menaçant, un ton de tueur! Riad s'exécute. Le coffre-fort est ouvert. Les bijoux de maman (trois cents millions de centimes, mille euros, trois montre en or, une carte consulaire, le passeport de Riad et le portable de papa sont emportés et le tour est joué. Le traumatisme du fils et du père n'empêchera pas les deux victimes de vite alerter les services de sécurité. Et là encore, à l'est d'Alger, les éléments de service de sécurité vont étaler une célérité qui n'étonne pas. A partir d'une puce de portable, celui de Saïd, la victime, la piste est ouverte. Un à un, les malfaiteurs sont cueillis, entendus, présentés et écroués avant de comparaître devant le tribunal correctionnel de Rouiba (cour de Boumerdès). Durant l'enquête, Maître Arhab Zine el Abidine, l'avocat de Saïd la victime s'est déméné comme un beau diable, aidé en cela par Maître Benchabi en vue d'obtenir du juge d'instruction que le dossier aille en criminelle: «Je suis abasourdi que le dossier d'instruction n'ait pas voulu avaler le crime de ces faits qui ont lieu par escalade, par effraction de nuit, car la loi est claire, surtout pour ce qui est du nombre de malfaiteurs!» s'était exclamé alors l'avocat d'El Harrach, malheureusement ligoté par la réserve, la justice était ce qu'elle est, qu'elle que soit la bavure commise. Et cette chambre d'accusation qui fait quoi? D'ailleurs, ce sont ces drôles de ratages qui font que les justiciables parlent de «sachets» de pots-de-vin, de corruption. Et heureusement que devant les députés, Belaïz a dit son impuissance, devant plusieurs comportements. Et nous n'avions jamais attendu le ministre ouvrir ses papilles pour suivre. Depuis des années nous tirons la sonnette d'alarme qui nous sonne plus d'ailleurs car le mal est profond. Bref, Belkadi, en juge affûté avait bien écouté les deux plaidoiries, la partie civile et le réquisitoire de Belaraoui, qui avait estimé avant de réclamer l'incompétence ou, à défaut dix ans d'emprisonnement ferme, que «c'était le dossier le plus grave enregistré en 2011 à Rouiba» Et une semaine plus tard, le président de la section correctionnelle du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès) se déclare incompétent et donc direction Boumerdès et la criminelle! La famille est plus que satisfaite. Saïd et Riad respirent mieux et n'ont pas hésité à crier, depuis Bordj El Bahri: «Vive la justice!» Maître Arhab et Maître Benchabi, le regard serein, s'étaient séparés sur une poignée de mains en se donnant rendez-vous à Boumerdès juste après les fêtes de l'Aïd El Fitr pour une audience criminelle où tout sera dit, entrepris!