elles affirment être délaissées par les autorités. A Draâ El-Mizan, à l'extrême sud de la wilaya de Tizi Ouzou, les familles sinistrées après le séisme du 21 mai souffrent en silence. Abandonnées à leur sort et livrées à elles-mêmes, ces familles disséminées à travers les quatre camps de toile de la ville (la salle omnisports, la crèche, le parc communal et la cité) crient leur désarroi après 40 jours d'attente et de souffrance au quotidien. «On manque de tout ici. Même le Croissant-Rouge, notre seule bouée de sauvetage au départ, a préféré partir faute de moyens», dira ce père de famille installé avec son épouse et ses trois enfants sous une tente dans l'enceinte de la salle omnisports. Dans ce camp, elles sont 17 familles originaires du quartier Lalla Fatma et des villages de Henia et Ichoukrène, à se partager la douleur du drame depuis le 22 mai. «Les habitations de toutes ces familles ont été signées rouge par le CTC», ajoutera ce père de famille. Ainsi, si les vies ont été épargnées par la catastrophe puisqu'on n'enregistre qu'une seule victime à la vieille cité, il n'en demeure pas moins que la forte secousse tellurique a fait une centaine de familles sans-abri à Draâ El-Mizan. Ainsi, la vétusté du parc immobilier et les constructions anarchiques ont mis à nu la précarité qui caractérise la plupart des quartiers de cette importante daïra de la wilaya de Tizi Ouzou. Ces familles, dont la vie a basculé depuis le 21 mai, affirment être délaissées par les autorités. «Hormis le P/APC et le P/APW, personne ne s'est soucié de notre devenir. Même la presse n'a jamais fait écho de notre douleur», nous déclarent ces laissés-pour-compte. Outre l'absence d'opération de solidarité à leur égard, les sinistrés de Draâ El-Mizan disent souffrir du manque d'hygiène et de la promiscuité dans les tentes, notamment en cette période de grandes chaleurs où les risques d'épidémies sont amplifiés d'autant plus que ces camps ne bénéficient d'aucune prise en charge. La seule embellie dans cette grisaille est sans doute l'alimentation en eau potable puisque l'APC a doté les quatre camps en citernes dont le contenu est renouvelé tous les deux jours. L'APC y a également aménagé une cuisine collective pour les sinistrés. Un délai qui n'est pas sans importance puisque cela met les tentes à l'abri des incendies involontaires. Cela dit, ces familles ne peuvent plus remettre les pieds chez elles puisque leurs demeures menacent de s'effondrer à tout moment. «Les services de la daïra ont effectué un recensement depuis plus d'un mois. Ils nous ont même demandé de remplir des formulaires, mais depuis nous attendons. Qu'ils nous aident à restaurer nos habitations ou qu'ils nous relogent ailleurs. Nous ne pouvons plus continuer à supporter l'enfer de ces camps», se plaindra ce jeune homme qui vit seul avec sa mère qui souffre d'une maladie chronique. «Les autorités nous ont proposé d'être relogés dans des sites en dehors de notre wilaya. Nous avions le choix entre Bouira, Mascara et Constantine. Mais croyez-vous que quelqu'un qui a toujours vécu dans un endroit peut du jour au lendemain partir à des centaines de kilomètres de son milieu naturel. Non, nous refusons ces solutions hâtives. Nous demandons à être recasés ici», enchaînera ce jeune visiblement excédé par les lenteurs prises dans les opérations de relogement. En attendant d'être pris en charge, les sinistrés de Draâ El-Mizan interpellent le ministère de la Solidarité nationale et les pouvoirs publics pour leur venir en aide afin de surmonter cette épreuve que le drame du 21 mai dernier leur a réservée.